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— Le 29. Détails sur l’offensive du 16 : un effroyable Service de Santé ; des blessés restés 32 heures sans secours ; et aussi les exceptionnels ravages de notre artillerie dans nos rangs.

— Un journal régional, quand fut repoussée l’offre de paix du 12 décembre 1916, imprima : « Nous sommes enfin débarrassés du cauchemar effroyable de la paix. »

— Plus j’y réfléchis, plus j’estime que la mentalité actuelle est l’œuvre de la presse. Les gens sont nourris de phrases de journaux. On les retrouve entières dans les flots de haine qu’ils vomissent.

— Au Conseil de Défense, où fut décidée l’offensive du 16, Pétain dit qu’il ne croyait pas à une victoire stratégique. À quoi Poincaré, de sa voix de ratier : « Sans doute, général, parce que vous n’avez pas remporté de victoire stratégique. »

— Après l’offre de paix du 12 décembre 1916, Aulard écrivit une lettre de deux pages à Poincaré. Il disait en substance : « C’est un historien qui vous écrit, qui connaît son pays, et qui l’aime, et qui se permet de vous donner un avis. À l’offre allemande, il ne faut pas répondre : non. Si c’est une manœuvre, il faut y répondre par une manœuvre. Il faut répondre « oui », et désigner tout de suite un médiateur, le président Wilson. J’ignore les intentions de ce dernier, mais il est certain que la grande république américaine assurera l’intégrité de la Belgique, de la Serbie. Et quant à l’Alsace-Lorraine, souvenez-vous qu’il y a des solutions qu’on peut accepter d’un arbitre et qu’on ne peut pas accepter d’un ennemi. »

Poincaré n’a même pas répondu.

Aulard a gardé copie de sa lettre.