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une immense duperie à laquelle il ne faudra pas croire !

— Le 4. Le nouveau message de Wilson au Congrès apparaît plein de noblesse en sa simplicité. C’est la Charte du Droit international. Les États-Unis entrent de fait en guerre. Pour quelles causes multiples ? Ne veulent-ils pas de la prépondérance allemande ? Ni de la prépondérance anglaise ? Enragent-ils de voir leurs fournitures arrêtées par la guerre sous-marine ? Subissent-ils cette frénésie belliqueuse qui gagne les nations comme la peste, la guerrite ? À moins encore que Wilson ne fasse la guerre pour finir la guerre. Tous ces mobiles peuvent jouer sous les sentiments exprimés dans son message.

Les particuliers n’ont pas pavoisé, malgré les exhortations des journaux.

— On n’a qu’une bien faible idée des énormes fortunes réalisées grâce à la guerre. De ci, de là, un chiffre perce. Un discours parlementaire cite 2 millions de bénéfices annuels perçus par une Société au capital de 125.000 francs. Et que dire de ces « groupes métallurgiques » qui monopolisent la fabrication d’un modèle de canon…

— Combien Nicolas II doit-il maudire Delcassé, qui fit luire à ses yeux, en 1913, la promesse de Constantinople !

— Le 7. Veille de Pâques. Départ à minuit pour Serbonnes dans un train surbondé. J’écoute de petites employées du P.-L.-M. L’une — vingt ans — dit qu’elle ne demande pas à vieillir, sauf toutefois pour voir vite la fin de la guerre. Et tout le compartiment : « Ah ! Oui, la fin ! »

— On tolère des critiques sur la province ou la ville qu’on habite, sur la maison qu’on occupe, sur les êtres chers, sur soi-même : on ne tolère pas de