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— Le 19. Les journaux insistent sur les incendies, destructions, pillages, empoisonnements commis par les Allemands dans la zone abandonnée par eux.

— Le ministère Ribot-Painlevé est constitué. Doumer et Klotz devaient en être. Les socialistes les aurait déclarés indésirables. Tristan Bernard donne de l’éviction de Klotz une autre version : s’il laissait libre la place de Président de la Commission du Budget, Caillaux la prendrait.

— Le 21. Théâtres et cinémas rouvrent chaque soir. Mais on ne cocoricote pas autour de cette remise partielle de la vie normale. Cela s’est fait sans éclat, en douceur. Est-ce parce qu’on n’a pas autorisé du même coup le métro à circuler après dix heures ?

— Le 21. Déjeuner avec Anatole France à l’Hôtel Powers. Il s’excuse sur la modestie du menu. Devant la bllanquette et la chicorée cuite, il s’écrie : « C’est le désastre ! »

Il dit que ce n’est pas le moment de faire du pacifisme à la Séverine. Je déplore que personne ne prononce la grande parole libératrice, j’affirme qu’il est le plus qualifié à cet égard. Et sa gouvernante lui dit : « Il n’y a que le Pape et vous. »

— On m’entraîne dimanche 18, au matin, avenue du Bois. C’est la promenade d’une énorme ville d’eaux, à l’heure achalandée. Nulle part on n’est plus loin de la guerre. Une volière. Et rien que des phrases comme : « Vous allez à Cabourg, cet été ? »

— Bouttieaux confirme le saccage systématique des Allemands en retraite. Il a vu les arbres fruitiers mutilés. Mais les journalistes ont chargé le trait jusqu’à le défigurer. Tout le monde sourit de la description du toit de la mairie de Péronne, « troué par un obus ». Hélas ! Obus anglais.

— Dans sa déclaration à la Chambre, le 21, Ribot