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plot réactionnaire, qu’on évinçait les derniers officiers républicains, et que l’indignation des Gauches, à la Chambre, est née plutôt de ce soupçon que du langage de Lyautey.

— Les journaux ont des sourires. Sous le titre : « Voleuse mais patriote », le Journal conte qu’une femme volait des porte-monnaie et qu’elle échangeait l’or trouvé contre des billets, à la Banque de France. Elle récolta ainsi 119 certificats de civisme.

— Le 16. On me raconte le Conseil des Ministres du matin. Briand envisagea le départ du Cabinet. Viviani plaide : la Chambre n’a-t-elle pas montré, après l’incident Lyautey, son union étroite avec le gouvernement ? Le Cabinet se laisse émouvoir et convaincre par cette éloquence. Il ne s’agit donc que de remplacer Lyautey. Un militaire ? Il y aurait bien Dubail. Mais la Chambre ne veut plus de généraux à la guerre. Alors, un civil ? Albert Thomas, qui réunirait la Guerre et l’Armement. Barthou, soutenu par quelques fidèles. Painlevé, qui a les suffrages du Parlement. Ribot élève des objections : ainsi, Painlevé veut différer l’offensive.

— Les Russes auraient vendu aux Allemands, par la Suède, le plus clair de leur récolte de blé et leurs soldats crèveraient de faim.

— Bouttieaux me conte ses conversations avec le général Mangin. Celui-ci ne doute pas d’aller à Laon, de prendre l’artillerie lourde ennemie, de mettre les Allemands en déroute. Il a foi dans son étoile. Tout lui a toujours réussi. Rien ne lui coûte. L’objection, présentée par Bouttieaux, d’une seule mitrailleuse intacte qui suffit à arrêter un régiment, n’existe pas pour lui. Ni celle des réseaux à contre-pente dans la vallée de l’Ailette…

— Nuit du 16 au 17. Alerte de zeppelins à 4 h. 10 du matin. Le ciel est légèrement voilé, la nuit grise.