Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.

martrois Jean Bastia écrit, dans une pièce patriotique :

Gardez, ô boches,
Vos trouvailles, vos « six-cent-six »,
Nous aimons mieux la syphilis
Que votre approche.

— Le 9. L’ouvrage de Thiaumont passe de mains en mains. Que de sacrifices !… Tristan dit que le fisc pourrait s’enrichir en établissant des droits de mutation sur Thiaumont.

— Comment les conservateurs ne seraient-ils pas heureux ? Partout triomphe le principe d’autorité. Plus de liberté. Rien que de l’obéissance.

— On disait devant Tristan que les grands juifs sont très généreux pour les œuvres charitables, afin de faire parfois oublier leur origine germanique : « Oui, dit-il, le cœur-sur-le-Mein. »

— La censure traque jusqu’au mot de paix. Il faut dire l’après-guerre. Une jeune femme propose devant moi qu’on dise à la Censure : « Foutez-nous l’après-guerre. »

— Le 7. Conseil national socialiste. La majorité exprime le vœu que le gouvernement fasse connaître les buts de guerre. Cette prétention paraît énorme à la réaction !

— Une petite journaliste américaine, Caroline Wilson, conte qu’on l’a emprisonnée en Allemagne comme espionne française, au début. On la garda sept jours en cellule. Les gardiennes l’éveillaient pour lui dire qu’on la pendrait. Par contre, un juge militaire, la voyant pleurer, cherche à la consoler en lui annonçant une victoire anglaise…

Le plus tragique, dit-elle, pour qui voit les deux peuples ennemis, c’est cette conviction qu’ils ont l’un et l’autre de combattre pour leur droit.