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est avec nous) et nos écus portent frappée sur la tranche cette phrase : Dieu protège la France. Nous raillons : Deutschland über alles (L’Allemagne au-dessus de tout) et la devise du président de notre Ligue des patriotes était France d’abord !

— Quelle régression encore, d’augmenter le prix du transport, alors que le progrès tendait à le diminuer sans cesse… Là encore, on n’a pas osé frapper les privilégiés, on a continué de tondre le mouton populaire. De même qu’on n’a pas osé voter la taxe de 5 % sur les notes de restaurant, la suppression des autos de luxe, etc.

— Une femme de chambre congédiée se venge en jetant 100 kgs de sucre dans la baignoire. Les patrons ne peuvent pas se plaindre : ils accaparaient. De même que n’osent pas porter plainte ceux à qui on a volé l’or : ils eussent dû le verser à la Banque de France.

— Je ne transcris plus les titres de feuilletons. Ils cessent d’être cocardiers. Ils ont fait place au roman-cinéma, chaînes d’aventures policières et criminelles, qui se déroulent simultanément dans les journaux et au cinéma.

— Au début de la guerre, on ne pouvait pas dire que l’Allemagne avait encore des ressources. (Mme X disait que Le Temps était vendu à l’Allemagne, parce qu’il imprimait qu’il y avait des victuailles au ballet de Munich.) Et maintenant on ne peut pas dire que l’Allemagne n’a plus de ressources. Car ce serait expliquer comme une défaite par épuisement leur demande de paix.

— Ah ! Si ce n’était pas accroître la tristesse de ceux qui ont perdu leur enfant à la guerre, jeter une ombre de plus sur leur deuil et le désauréoler, tout ce qu’on pourrait leur crier sur l’ineptie, la stupidité de ces sacrifices. Oh ! Le malheur d’être né dans un