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JANVIER 1917


— C’est tout de même effrayant que les hommes au pouvoir soient, même en ce moment, avant tout menés par le souci de s’y maintenir, et les hommes autour du pouvoir par le souci d’y parvenir…

— Passant quai des Tuileries, je compte, sur 30 mètres, 13 pêcheurs assistés de 13 spectateurs, soit 26 oisifs. Et on parle de l’élan admirable, la mobilisation consentie librement de toutes les activités. Quelle blague !

— On pervertit les esprits. Je ne le répéterai jamais assez. C’est un abominable dopping, destiné à fouetter la haine. La Censure a voulu que la guerre fût absolument belle, et l’ennemi absolument laid. Il n’a pas droit à un beau trait. On a supprimé ces deux articles : l’un célébrait le professeur Foerster, de Munich, qui, dans des conférences applaudies, dénonçait la néfaste éducation militariste de la jeunesse allemande ; l’autre, où une rapatriée du Nord racontait la relative bonhomie de soldats allemands en pays occupés.

— Les nouvelles taxes, qui touchent pourtant des besoins essentiels, comme le sucre et les timbres, d’autres assez impérieuses comme le café et le tabac, sont acceptées avec résignation. On entend des gens dire : je fumerai moins, j’écrirai moins.

— Le 5. C… me dit que les Allemands emploient