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En contraste, le rapporteur du budget expose, parmi l’approbation unanime, que la France a dépensé 72 milliards, qu’elle aura à payer chaque année 3 milliards d’intérêts. Il est accueilli par une sereine inconscience. Les chiffres, comme les pertes humaines, n’ont plus de signification.

— Roux-Costadau s’était aussi élevé contre la Censure. Mais, comme me le disait un jeune député, c’est une panne, une question qui n’intéresse pas la Chambre. Et pourtant, quel formidable abus, à cause de l’emploi qu’on en fait.

— Dimanche 10. Plusieurs généraux auraient refusé le commandement du front français. Soit qu’ils appréhendent d’être placés sous les ordres de Joffre, soit qu’ils jugent l’héritage lourd et dangereux.

— La guerre à la paix continue, farouche. Les Allemands font-ils dire par l’Amérique qu’il ne faut pas écouter les pangermanistes ? On crie au piège, au mensonge. Cependant, nous avons notre Ligue de la Rive Gauche du Rhin. Que dirions-nous si les Allemands prenaient acte de ses prétentions ?

— Un contrôleur des contributions me dit que tous les fournisseurs de guerre tentent de se dérober aux impôts sur leurs bénéfices. Mais, sur ce chapitre du gaspillage, du tripotage, qu’apprendront ceux qui survivront à la guerre ! Nombre de ces scandales furent indiqués à la Chambre, et accueillis avec une sorte de torpeur, incapable d’indignation, d’actes, de sursauts. Tout s’évapore en paroles.

— À la séance de la Chambre du 11, Brizon déclare que la France est victorieuse, et il crie : « À bas la guerre ! » Fureur. Injures. Le député Bouge lui demande combien il a touché. Brizon lui jette le vert d’eau à la tête et se voit exclu pour quinze séances.

Dans son accueil aux discours de Roux-Costadau