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Du soldat il dit : Il y a trois soucis : la faim, l’amour, la mort. Chez le soldat, l’extrême fatigue a tué l’amour. Le danger est intermittent et il le sent peu. Et la faim est satisfaite chez des paysans à qui l’on donne tous les jours du vin et de la viande. Enfin, il y a l’attrait des récompenses et la crainte d’être fusillé.

Après le déjeuner, il me prend par les épaules et me dit : « Où allons-nous ? Que faire ? » Je lui réponds : « Devenez Directeur de la presse et répandez l’idée que la victoire des Alliés est acquise en puissance, qu’elle résulte de leur supériorité numérique, financière, territoriale, que les armées ont fait faillite et que, cette victoire latente, il est inutile et coupable de vouloir la révéler dans le sang. »

— On sait depuis le 13 que des troubles ont éclaté en Algérie, provoqués par la conscription. Un sous-préfet, un administrateur, un chef de gare sont tués. Les dépêches d’Algérie n’arrivent plus. Le 18, la presse n’a pas encore soufflé mot de ces faits.

— Depuis le 15, extinction à 6 heures. Beaucoup d’éventaires à la bougie, après cette heure. Beaucoup de mécontentement aussi. Car le marchand de couleurs, obligé de fermer, se plaint que sa clientèle va chez l’épicier, qui reste ouvert parce qu’il appartient à l’alimentation.

— « Il ne faut pas que la France meure étouffée sous les trophées », écrit le député Bokanowski.

— On appelle Sembat, ministre des travaux publics, aux prises avec des difficultés de transports ferrés : le général Sans-Rail.

— Le 20. Chaque jour, à Paris, un produit manque provisoirement : le lait, le sel. Ce sont des arrêts de circulation de l’organisme.

— Deux camps se dessinent, sous deux enseignes : « Mangeons, dépensons afin de faire marcher le