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— Le 13. Les Allemands acceptent les conditions préliminaires de Wilson. Les journaux publient leur réponse. Fol enthousiasme des soldats. Grise mine des officiers. Les gens qui espèrent la paix n’osent pas y croire et n’osent pas le dire. Aussi la foule est-elle morne. Nul ne semble mesurer ce qu’il doit en coûter à l’orgueil allemand d’abandonner ses gages territoriaux, de renier la suprématie impériale, de prendre ce ton humble dans ces réponses à Wilson. Remarques qui devraient d’autant plus frapper qu’on nous a représenté la morgue du militarisme allemand.

Les journaux sont divers. Le Journal imprime : « L’Allemagne cède. » L’Œuvre : « Cette fois, semble-t-il, on les a. » Mais ils sont seuls à représenter nettement ce résultat comme une victoire. Ils ressemblent à deux spectateurs isolés qui seuls applaudissent dans une salle de théâtre. Chez les autres, une sorte de stupeur. Typographiquement, tous donnent plus d’importance à l’occupation de Vouziers qu’à l’acceptation de l’Allemagne. Le public est à l’unisson. On ne veut pas que l’Allemagne soit vaincue.

— Le 14. Le deuxième jour, la presse reprend une fois de plus son attitude hostile. C’est le même effort de prolongation qu’au lendemain de la demande d’armistice. « Les Allemands veulent raser… Pas d’armistice… Ce n’est pas la fin de la guerre. » L’Écho de Paris (et je reste stupéfait que la Censure tolère cela) déclare que tout cela ne regarde pas Wilson, que la parole est au canon. On y traite ses notes de dialogues malencontreux, d’encycliques nuageuses !

Ah ! Ce désir exaspéré de continuer la guerre. Qui croira cela ! Pensez que le Temps jetait récemment ce cynique cri d’alarme : « Les valeurs de