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qu’elle implique l’aveu public de la défaite. Il faut que les cinq clauses territoriales de Wilson soient exécutées préalablement à tout débat. » L’Humanité demande des garanties diplomatiques et militaires. Le Petit Parisien publie un article de tête : « La duperie de l’armistice ». La République française : « Il faut aller au delà du Rhin. » Et L’Œuvre imprime en manchettes : « Boutons-les dehors. »

— Le 7. Les soldats, si joyeux le dimanche 6, sont mornes à la lecture des journaux du lundi 7. « Il faudra qu’on y aille », disent-ils avec résignation.

— Toute l’histoire illustrée de la guerre sera racontée par des magazines orthodoxes (Le Miroir, Sur le Vif, J’ai vu, L’Illustration), qui montraient la lutte en beauté, sans jamais un mort français. Quelle fausse image ils en laisseront, propre à encourager de nouveaux massacres ! Et les enfants ! Au lieu de leur inspirer l’horreur de la guerre, on leur laisse y trouver un attrait. Ils y jouent. Et il y a des gens qui espèrent que ce sera la dernière guerre, que ce sera le bénéfice de cet immense massacre. Quelle duperie !

— Le 8. En ce troisième jour depuis la demande d’armistice, l’effort de la presse pour prolonger la guerre se déchaîne plus furieusement. On nous cite la presse américaine qui, paraît-il, réclame unanimement la reddition sans conditions : « Il faut continuer la guerre au delà des frontières, infliger à l’ennemi un juste châtiment (c’est-à-dire commettre les crimes qu’on lui reproche). Il faut que l’Allemagne se débarrasse du Kaiser… L’Amérique a à peine commencé à se battre… Il faut employer la force sans limite… Frappons impitoyablement, gagnons la victoire sur le champ de bataille… Combattons jusqu’à ce que Potsdam soit anéanti… Que la réponse soit celle de nos armées victorieuses.