Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/277

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de recevoir les délégués bulgares. Dans la presse, il y a flottement. On a tellement pris le pli de repousser la paix, qu’on est tenté d’y répugner, même quand l’ennemi se rend à merci, devant la menace d’envahissement. Cependant une majorité tend à accueillir ces pourparlers. Dans l’autre camp, le Temps, organe de la féodalité industrielle et financière, propose de repousser ces offres. D’autres veulent dicter la paix à Sofia. D’autres réclament des gages. D’autres enfin veulent une paix rigoureuse. Sans doute comme à Bucarest ou Brest-Litovsk ?

— Il y a des grèves dans la couture. Avec un nouveau pharisaïsme, la presse n’est autorisée à en parler que sous ce titre : « Conflit dans la couture, mouvement de revendication… »

— Nous apprenons des morts, rien que des morts. Pas de blessés. Depuis le 18 juillet, c’est une frénésie, la folie débridée du massacre, la démence du joueur qui pousse toute sa fortune sur le tapis. Encore le joueur ne risque-t-il que son bien. Poincaré, Clemenceau et leurs généraux jettent les autres à la mort.

— Le 30. Les journaux n’ont plus de place pour du texte. Ils ne sont plus que des titres flamboyant « Nous avançons, nous progressons… » Et c’est le Nord, l’Est, Salonique, la Syrie. Les yeux luisent, les faces pètent de joie.