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unanimement, la presse repousse cette « offensive de paix ». Compère-Morel dit : « La parole est à nos sublimes soldats. » Hervé : « Pas de compromis. » Capus : « L’heure des diplomates viendra après l’œuvre de nos soldats. » Les journaux anglais (ceux qu’on nous laisse connaître) : « Manœuvre allemande, duperie. La victoire seule peut arracher à l’Allemagne l’instrument de domination. »

— Le 17. La foule adopte le mot d’ordre de la presse, qui s’est montrée, une fois encore, la complice du pouvoir. On entend : « On leur en foutra, des pourparlers de paix… On ne peut pas causer avec ces salauds-là. »

Dans un déjeuner où règne l’orthodoxie, je dis : « Mais, depuis le 18 juillet, tous les matins, on nous annonce des victoires. Cette offre de paix n’en est-elle pas le résultat ? Pourquoi la repousse-t-on ? » On me répond de toutes parts : « Nous ne sommes pas encore assez victorieux. » Voilà la note générale. Beaucoup de gens veulent aller en Allemagne, l’humilier, pousser à Berlin.

— Le 18. Clemenceau a répondu à l’offre autrichienne par un frénétique discours qui a mis le Sénat debout et où il a récité la Marseillaise. L’Allemagne a voulu une décision militaire. Elle l’aura. On réduira les dernières fureurs de la force immonde (par la force). On vote l’affichage. Et Pichon adresse à la Suisse, intermédiaire de l’Autriche, le numéro de l’Officiel qui contient ce discours. Ce geste est diversement apprécié. La presse orthodoxe le loue : « Cinglante réponse ».

— On me disait le 17 que les Américains avaient pris, perdu, repris Pagny-sur-Moselle. On estime qu’ils ont jeté, dans l’affaire de Saint-Mihiel, 100.000 hommes et perdu la moitié de cet effectif.

— Le 20. Fin de la conférence socialiste interalliée