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SEPTEMBRE 1918


— Le 5. La Chambre rentre. Discours exaltés de Deschanel et Clemenceau. Affichage à l’unanimité. Les députés debout. Personne ne dira donc l’absurde horreur de tout cela ? Mais non. Car les gens sont fous de vanité. La démence publique ne veut pas entendre raison. La violence explosive, meurtrière, d’un patriote dont on discute timidement la foi, est quelque chose d’indicible. J’ai vu des fous furieux dans des asiles. Ce sont des moutons, en comparaison d’un chauvin devant lequel on espère la paix.

— Je feuillette un album de douze dessins où l’on voit des enfants amputés des mains par les Allemands. Il y en a des groupes, des meetings. Ils tiennent sur ces atrocités des propos douloureux. On me fait remarquer que si, depuis quatre ans, on avait retrouvé une seule de ces victimes, des moniteurs orthodoxes, comme l’Illustration, auraient répandu par milliers des photographies de l’enfant, de son poignet coupé, pour authentifier l’horreur et répandre l’indignation.

— Poincaré va à Saint-Mihiel. Le compte rendu des journaux nous apprend « qu’il a serré avec une charmante simplicité les mains qu’on tendait vers lui avec une respectueuse ferveur » (sic).

— Le 16. L’Autriche demande officiellement la paix et propose une réunion de diplomates. Presque