Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/270

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gerie, vraiment la guerre telle que l’ont voulue nos maîtres actuels.

— Dans les 500 millions d’humains en guerre, y en a-t-il un qui se soit sereinement demandé pourquoi le sentiment patriotique doit passer avant tous les sentiments, même le sentiment paternel ?

— Le 9. Six heures soir. Gare Saint-Lazare. Une énorme dame achète des magazines et dit à la vendeuse, en parlant du communiqué, d’un ton de fête, d’une voix fleurie : « Eh bien ! ce soir c’est splendide, c’est superbe ! » Toujours l’oubli total des morts que cela coûte. Et on s’émouvait, jadis, pour les 25 victimes d’un sous-marin coulé, pour un puisatier enseveli !

— Le 10. Dans mon train, quatre Américains et un officier français tout habillé de signes d’honneur. Les Américains l’interrogent sur ces emblèmes glorieux. Il explique les brisques de présence et les brisques de blessures, la différence avec les galons de grade, puis la croix de guerre, ses palmes, ses étoiles d’or, d’argent, de bronze, puis l’insigne de blessure, différent des brisques, la fourragère, qui peut être verte, panachée, rouge, simple, double et qui est une distinction collective. Cela nous mène de Paris à Montereau.

— Le 12. Départ de Malvy pour Saint-Sébastien. De rares journaux avancés dépeignent les compartiments pleins de fleurs, hommages de corporations ouvrières. Dans sa lettre à Deschanel, Malvy dit que les patrons se vengent sur lui d’avoir soutenu les demandes des grévistes au printemps 1917. Ces rancunes ont évidemment été servies par le chauvinisme de certains sénateurs, leur haine du socialisme, la dépendance où les tient Clemenceau.

— Le 13. Comment le public saurait-il la vérité ? Barrès écrit qu’il y a peu de pertes dans l’offensive