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AOÛT 1918


— Les journaux marquent l’entrée dans la cinquième année de guerre. Tous prêchent la résignation, les sacrifices, dans un esprit et sur un ton religieux. Tous promettent la victoire sans, naturellement, la définir.

— La réoccupation des villages entre Marne et Aisne grise les cervelles. L’ancien ministre Puech écrit : « Maintenant, c’est la victoire, tout est changé, pas de paix de compromis, il faut l’écrasement. »

— Le 2. On dit que les deux groupes du Sénat pour ou contre Malvy s’équivalent à 10 voix.

— J’entends des constructeurs déclarer qu’ils établissent des moteurs de 800 chevaux pour les avions qui doivent aller sur Berlin.

— Anatole France m’écrivait il y a quelque temps : « Cette guerre m’inspire une indicible horreur. » Et plus récemment : « Les témoignages à la Haute-Cour des trois Présidents m’ont donné quelque joie au milieu de mes tristesses. Mais l’affaire Caillaux me pèse encore. Que d’efforts criminels pour le perdre ! J’en frémis. »

— Le 4. Les travaillistes américains sont reçus par le groupe parlementaire socialiste. Tous sont contre la reprise des rapports internationaux. Un de leurs journalistes dit : « Une courte lutte serait suivie d’une courte paix. » Courte lutte est délicieux. Ainsi, la cinquième année de guerre, le 3e million de morts, le 150e milliard, c’est une courte lutte !