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OCTOBRE 1916


— Le 1er. La censure a échoppé un passage d’un article de Victor Margueritte ou il citait le chiffre de 500.000 morts français, d’après le livre de Richet, Les Coupables. Il y a décision de ne pas donner un seul chiffre de pertes.

— Une fervente d’autographes va voir Deschanel. Il lui dit la part de la Russie dans la déclaration de guerre, une Russie fouettée par l’année d’ambassade de Delcassé et le voyage de Poincaré.

— Les gens de Lourdes ont déclaré qu’il n’y aurait pas de miracles cette année.

— Le 4. Le chef d’État-Major anglais Robertson dit brutalement la vérité dans un discours : « La fin n’est pas encore en vue… nous devons continuer à nous préparer pour un espace de temps qu’il est impossible d’estimer… La route sera longue… Une lutte jusqu’à l’écrasement de l’ennemi, tel doit être le mot d’ordre. » Cela n’est pas mâché.

— Tout est abominablement absurde, dans cette abominable absurdité. J’imagine qu’on écrive sur un mur, ou qu’on crie à un carrefour : « On vous tue 1.500 Français tous les jours, tous les jours ! » Celui qui ferait cela serait accusé d’être vendu à l’Allemagne. Et ce ne serait pourtant qu’un cri de pitié, de révolte contre la guerre…

— Chez les couturiers, les clientes veulent leur