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— Le 27 mai, sur les ponts de l’Aisne, qu’on ne fit pas sauter, faute d’ordres, les Allemands et les Français se coulaient côte il côte. Les Allemands avaient en effet l’ordre d’atteindre leurs objectifs sans s’arrêter à faire des prisonniers.

— Le 4. Un obus du super-canon tombe rue des Gravilliers sur des enfants qui sortent de l’école.

— Le 4. Clemenceau obtient l’ajournement sine die d’une interpellation sur la situation militaire. Séance pénible et tumultueuse. Il est fatigué. Il décrit un Foch qui s’endort sur sa carte. Il a 370 voix contre 110.

— Le 5. Déjà la Banque de France, la Bibliothèque Nationale, envoient de gros ballets en province. Le Grand Livre de la Dette publique est à Angers. L’Écho de Paris, le Petit Parisien ont des presses prêtes à Tours. Sembat propose l’évacuation des femmes, enfants, vieillards. Le Gouvernement irait à Nantes.

— Des soldats coiffés d’un bonnet carré se promènent dans Paris. C’est l’armée tchécoslovaque. Un Officiel récent règle les conditions où les conseils de guerre jugeront ces hommes « au nom de la nation tchécoslovaque ». On se soucie d’abord de la façon de les mettre à mort. C’est leur acte de naissance.

— Briand fut pressenti vendredi par René Renoult pour prendre les Affaires Étrangères. Il refusa, ne voulant pas endosser l’affaire Czernin. Clemenceau lui-même n’était pas enthousiaste de la combinaison. C’était, disait-il, atteler une grenouille et un pur-sang. À quoi Briand répondit que la grenouille était un animal à sang froid, ce qui n’était pas à dédaigner, et que, d’ailleurs, il était trop facile d’appeler pur-sang une vieille rosse qui ruait dans les brancards.

— Anatole France a été sollicité de publier un manifeste en faveur de la paix. Il songerait à une