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— Le 26. L’aviateur allemand Rechshoffen est tué. On annonce qu’il abattit 80 avions. C’est à ces occasions-là seulement qu’on prend conscience qu’il y a des avions français détruits. Car nos communiqués, taisant nos pertes, donnent l’impression qu’on tue sans être tué.

— Le « sentiment national » est récent. En France, il ne peut pas être plus vieux que la France, il ne peut pas avoir plus de 500 ans. Le stupéfiant, c’est qu’il soit plus fort que certains instincts nés avec la créature, depuis des millions d’années, comme le sens maternel, l’amour ! À quoi on répondra que ce sentiment national est lui-même à base de haine et d’orgueil, instincts aussi vieux que l’homme.

— Un roman qui s’intitulerait « 100 millions par jour » : le bon tyran dépenserait par jour, pour le bonheur de son peuple, la même somme qu’on dépensait pour la guerre. Chaque jour verrait éclore une œuvre utile ou aimable : on encouragerait les inventions, les entreprises gigantesques, les grands progrès sociaux ; les beaux rêves humains deviendraient des réalités… Hélas ! Au bout de trois mois, ce serait la révolution ! Le peuple, qui a consenti à payer pour son malheur, refuserait de payer pour son bonheur.