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deux lignes. En fait, à l’Officiel, ces hommes ont dit des choses qui se défendent et se tiennent. Ajoutons que le lendemain, à 11 heures du matin, on ne trouvait plus ces Officiels.

— La ferveur de la femme pour le costume d’officier reste étale. J’en ai vu ramasser un gant tombé et le rendre avec la génuflexion de l’enfant de chœur devant l’autel. Et ceci : un officier, sous-préfet mobilisé, envahit dans un rapide un compartiment défendu par l’affiche : loué. Il convie sa compagne à le partager. Une troisième personne s’y glisse furtivement. Et notre officier de clamer bien haut qu’on doit tout aux officiers, qu’ils défendent le sol national. Si ceux qui ont loué le compartiment viennent réclamer, il saura les recevoir. Ah ! Mais… Alors la dame qui s’est glissée furtivement lui dit d’une voix timide : « Oh ! Monsieur, personne ne réclamera. C’est moi qui ai loué. » Et elle ajoute bien vite qu’en effet, en ce moment, pour les officiers, il n’y a rien de trop beau, rien de défendu.

— Le 29. Lloyd George est interviewé par des Américains. On pourrait ainsi condenser sa conclusion : « Une pareille horreur ne peut pas se recommencer sur la terre. Le seul moyen d’en empêcher le retour… c’est de la prolonger sans fin. » Sérieusement, quelle hypocrisie, ce souci des générations à venir. Ah ! Dans la paix, on s’en fout, des générations à venir. Et, encore un coup, voilà l’odieux : c’est de cacher de l’orgueil, des ambitions, des intérêts, sous de hauts sentiments, un noble souci de l’avenir.

L’avenir ? Et le présent, criminels imbéciles ! Et songer que cette comédie fait de vrais morts ! Oh ! Les mamans, les mamans, comme je voudrais leur parler… Mais on ne peut pas. On est bâillonné.

— Le groupe-famille, le groupe-village, le groupe-province n’ont pas le droit de se défendre par le