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vant, il y avait deux pièces. Vingt fois des sénateurs voulurent faire rompre ces pourparlers. Un jour, surgit la question des Alsaciens-Lorrains, à propos des internés civils. Les Français n’admettaient pas qu’ils fussent considérés comme des Allemands. Les parlementaires germaniques, à cette prétention, bondissent, se lèvent, frappent leur table, quittent la pièce. Tout semblait rompu. À tout hasard, les Français reviennent le lendemain matin. Les Allemands sont à leur place. Ils ont reçu des ordres dans la nuit. Ils acceptent de ne pas considérer les Alsaciens-Lorrains comme des Allemands.

— Deux sénateurs de la Commission qui examine l’affaire autrichienne disent qu’il y a au dossier une lettre où Charles Ier envisage après la guerre une alliance avec la France. Mais ils voient dans ces avances autant de pièges. N’est-ce pas tout de même effrayant de penser que Parlement et Ministres aient tout ignoré de ces offres ?

Dans la foule, on murmure timidement : « Tout de même, si on avait pu faire la paix il y a un an ?… »

— On s’efforce, en Allemagne, de dénoncer la résolution du Reichstag du 19 juillet 1917 sur la paix sans annexion ni indemnité.

En France, on n’a jamais tant parlé de cette résolution que depuis le moment où les pangermanistes veulent l’abolir. À l’époque où elle fut prise, on ne voulut pas la connaître. Elle passa inaperçue, grâce à la presse. Il en fut de même de l’offre de paix du Kaiser du 12 décembre 1916. On veut l’ignorer. Quand on fait récapituler à quelqu’un les tentatives de paix — Lettre de Charles Ier, offre du Pape, affaire Briand-de Lanaken — ce quelqu’un omet régulièrement la première et la principale, celle de l’Empereur d’Allemagne en décembre 1916.