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la copie gouvernementale. Le comique énorme, c’est que ces procédés de tyran soient de Clemenceau, lui qui, pendant trois ans, houspilla, dans son journal, les hommes en place, réclamant le droit de libre critique, la discussion sur le Forum, etc. C’est à rire aux larmes.

— Le 18, paraît une vive protestation de Violette, déclarant que, ministre sous Ribot, il n’a pas connu la lettre impériale et qu’il n’entend pas être solidaire des résolutions prises alors.

— Se rendra-t-on compte de la situation misérable, étouffante, de ceux qui avaient gardé une âme sensible, la foi dans le progrès ? Ils étaient obligés de se taire. S’ils parlaient, c’était dans la réprobation, dans le soupçon, la dénonciation. Cent procès en sont la preuve. S’ils écrivaient, la Censure supprimait leur texte. Et tous ceux de ces réfractaires qui n’étaient pas déliés de leurs obligations militaires étaient ligotés plus étroitement encore, puisque leurs liens pouvaient être brusquement resserrés au moindre écart d’attitude.

— L’espionnage téléphonique officiel continue de fonctionner. On reçoit dans les ministères des avertissements de ce genre : « Tel jour, à telle heure, on a téléphoné de chez vous au préfet d’Amiens, qui a répondu que ça allait mal et que les Anglais foutaient le camp selon leur habitude. Conversation fâcheuse. » Ou encore : « Le numéro tant, de votre ministère, a téléphoné à une dame, numéro tant, en lui demandant comment allaient les affaires. Termes équivoques, à éviter. »

— Des pourparlers se poursuivent, à Berne, entre Français et Allemands au sujet de l’échange des prisonniers. Dans la même pièce, chacun des deux pays a sa petite table. Un interprète suisse va de l’une à l’autre. Ce dispositif est récent. Aupara-