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AVRIL 1918


— Le 1er . Je voyage avec un petit sous-lieutenant qui revient de Verdun. « Le bombardement de Paris me fait plus d’effet que celui du front, dit-il. Au front, il y a une telle dépense de projectiles qu’il est rare qu’un obus tue. À Paris, à chaque coup, je pense qu’il y a des victimes. » Il avait été atteint par les gaz. Et il disait, avec une singulière mélancolie : « Il y en a qui ont une odeur si agréable, qu’on s’attarde à les respirer. »

— Le canon tire « au compte-gouttes », me dit un colonel. On l’a repéré, m’assure-t-il, dans la forêt de Saint-Gobain. Mais sous une telle montagne de béton… Je m’étonne devant lui qu’on ne renseigne pas plus le public sur l’angle de chute, les précautions à prendre, le trottoir à suivre. Ou qu’on ne prévienne pas quand le coup part (Trois minutes avant l’arrivée). Geste vague. Il me dit aussi que des informateurs avaient signalé l’existence de ce canon il y a six mois. On ne les crut pas. Mais ainsi s’explique la promptitude avec laquelle le gouvernement admit, dès le premier jour du bombardement, l’hypothèse d’une pièce à longue portée. Le fait confirmait les indications dont on n’avait pas fait état.

— À Serbonnes. Un fermier a obtenu cinq prisonniers allemands pour les travaux. On guette leur venue. Pas de manifestation. Le soir, un Serbonnois