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— Le 18. Le beau parleur de bourgade. Il a avalé son journal et il le restitue. Cela sort de lui, mais ce n’est pas de lui. On reconnaît des phrases au passage : « Le plus grave problème de l’heure actuelle… Mieux vaut périr jusqu’au dernier que de finir comme les Russes. » Voilà une chose nouvelle dans l’histoire : l’action de la presse, unanimisée. Elle seule renseigne le peuple. Elle pense pour lui.

— Le 19. Une nouvelle déclaration de Clemenceau. On y trouve son étonnement ingénu devant les événements : « L’aberration la plus étrange de l’histoire », dit-il en parlant des Russes. Oui, ce sont des faits inédits. Mais tout était inédit, dans cette guerre. Et voilà le crime : c’est de la juger et de la faire avec une mentalité de vieux grognard du Premier Empire.

— Le 20. Une dame de la haute médecine déclare : « Moi, je descends à la cave. Je serais honteuse d’être assassinée par un boche. » Ainsi voile-t-elle d’un prétexte de haine sa légitime prudence. Heureusement pour les prolongeurs de la guerre que les soldats ne raisonnent pas de la sorte ! Il est honteux d’être assassiné par un boche, mais il est glorieux d’être tué à l’ennemi !

— Le 20. On confirme que Clemenceau trouva les Anglais hostiles à l’idée de renoncer aux raids aériens. Aussi a-t-il demandé à Claveille d’augmenter le nombre des trains, afin de faciliter les départs. Sous couleur de vacances de Pâques, on annonce cette extension du trafic du 19 au 31 mars.

— Le 21. Chez Gheusi. Le colonel qui fait la liaison entre le G. Q. G. et le Ministère de la Guerre annonce que l’offensive allemande a commencé le matin contre les Anglais, de l’Oise à la Sensée, sur 80 kilomètres.