Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il admire la conscience professionnelle des comédiennes. qui ont continué de jouer malgré le danger. On avait décidé d’accélérer le troisième acte, de déblayer. « Pour la première fois, on a parlé à la Comédie-Française aussi vite que dans un théâtre du boulevard », dit France. Mais il assure que, loin de passer des vers, Madeleine Roch avait profité du trouble pour rétablir les passages qu’on lui avait coupés aux répétitions !

— Deux signes de fièvre obsidionale. Nombre de gens soutiennent que les récents brouillards sont artificiels. D’autres, qu’on a répandu des gaz asphyxiants dans les stations du métro, pendant les alertes.

— Dans les établissements de crédit, les gens se pressent pour déposer dans des coffres leurs bibelots, tableaux, valeurs.

— Le 13. Le séjour dans les abris du Métro pendant les alertes offre, paraît-il, un spectacle effroyable. Des mains audacieuses, qui volent ou violent, d’écœurantes plaisanteries, des enfants qui font leurs besoins, des femmes qui s’évanouissent. Et une population inquiétante, insoupçonnée, d’apaches et de vagabonds — dans la périphérie — que la peur fait sortir de leurs gîtes et se réfugier là.

— La phrase de Clemenceau : « Je fais la guerre » n’a pas un succès unanime. Le dessinateur Gassier hasarda : « Mais… il ne la fait pas tout seul. » On a fait un quatrain là-dessus :

Déjà drapé dans son linceul,
Clemenceau dit : « Je fais la guerre. »
« Hélas ! pleure un humanitaire
C’est qu’il ne la fait pas tout seul ! »

— Le 14. Wilson envoie le cordial d’un message aux Soviets. Il regrette de ne pas pouvoir les aider actuellement. Il tient un langage républicain.