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c’est qu’Henderson a calmé les impatiences en promettant la Conférence internationale. Si la révolution n’éclata pas en Italie, après la retraite sur la Piave, c’est à cause des dures répressions de Turin et de Milan. On avait cloisonné la ville par quartiers et l’on ignorait dans chacun le sort des autres.

Merrheim dit qu’on veut l’arrêter à la faveur de troubles factices. À Rive-de-Gier, il sut qu’on avait distribué des revolvers avant sa réunion.

À Lyon, lors de mouvements récents, tous les officiers — cavaliers compris — firent savoir qu’ils ne répondraient pas de leurs troupes au contact des grévistes. Ils craignaient une fraternisation. Merrheim exerce une influence modératrice sur les ouvriers, qui manifestent une impatience extrême de la paix et une âpre haine de Clemenceau. Mais il les contient difficilement. Lui aussi, comme Henderson, leur promet l’Internationale. Hélas ! Il n’y croit plus. L’heure de Stockholm est passée.

Et puis, il est mal secondé. Nul ne veut, autour de lui, risquer sa vie pour des idées. Est-ce étrange, en un temps où on donne son existence pour un idéal incertain !

— La séance de la Chambre du 8 rappelle à Anatole France les grandes séances de la Convention. Clemenceau mit en accusation les socialistes. Il tira des applaudissements avec des phrases à la fois faciles et mortelles : « Ma politique intérieure : je fais la guerre. Ma politique extérieure : je fais la guerre. » Ou encore : « La Russie trahit : je continue la guerre. La Roumanie défaille : je continue la guerre. »

— Raid d’avions le 8 au soir, de 8 h. 45 à minuit 20. La durée est inédite. Le lendemain on apprend que Montmartre, Batignolles, la banlieue nord et nord-est sont éprouvées. Mais trois bombes tombées