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leure référence, pour attirer le public, en pleine guerre…

— Le 7. Chez Gheusi. Le matin, il a vu Briand, qui veut se terrer encore deux mois. Gheusi l’encourage à se préparer dès maintenant à reprendre le pouvoir. Gheusi ne lâche pas Joffre. Il revient sur l’ordre du 2 septembre 1914, où Joffre voulait le repli sur la ligne Pont-sur-Yonne, Nogent-sur-Seine, Brienon, Janville. Ordre qui a, paraît-il, disparu.

— À propos de la paix roumaine, dont le bruit court. L’article 8 stipule que les officiers des missions étrangères seront rapatriés. Anatole France dit en ironie : « C’est là qu’éclate toute la perfidie des Allemands : ils nous renvoient nos officiers ! »

— Le Midi semble le plus atteint par les restrictions. Anatole France dit que les Alpes-Maritimes manquent de tout. À Saint-Jean-de-Luz, le pain fit défaut plusieurs jours. On allait en acheter en Espagne. La région la plus favorisée, c’est l’arrière-front. À Epernay, je retrouvais les petites douceurs bannies des restaurants parisiens.

— Ces restrictions auraient provoqué chez nombre d’adolescents des kystes qui tendent à devenir « malins ». Nos revues médicales le cachent. C’est un des traits qui nous distinguent de l’Allemagne. Nous avons su par une Revue allemande la naissance d’enfants sans ongles, mis au monde par des mères déphosphatées.

— Anatole France me ménage une entrevue avec Merrheim, qui représente les minoritaires de la C. G. T., et dont on vante l’influence, la foi d’apôtre. Merrheim est petit, trapu, simple. De très beaux yeux. Il s’exprime facilement. Le mouvement gréviste anglais est puissant, dit-il. Si l’ultimatum du 31 janvier, « La grève ou la paix », n’a pas joué,