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Jean L… a suivi pendant trois quarts d’heure cette scène : un vieux commandant fait le boulevard, de la Madeleine à l’Opéra. Cinq pas derrière lui, un sous-officier. Cinq pas encore, deux gardes municipaux. Un militaire quelconque ne salue-t-il pas le commandant ? Il le réprimande, exige ses papiers. Le sous-officier prend des notes. Les deux gardes sont là pour prêter main-forte, en cas de rébellion ou de fuite. Puis ce cortège à trois échelons refait le trottoir, de l’Opéra à la Madeleine.

On sévit aussi contre certaines tenues : col de fourrure, pantalons retroussés.

— Dans une lettre de fin janvier, Anatole France se plaint de recevoir peu de correspondance. C’est la restriction épistolaire. « Un ami m’écrit qu’il n’ose plus m’écrire. Des exemples m’induisent à croire que les Français sont devenus moins confiants et moins expansifs qu’ils n’étaient naguère. »

— Le 7. Procès Bolo. Il n’intéresse pas violemment. Il a son public. On en suit néanmoins les comptes rendus. L’homme est jugé vulgaire. On s’étonne de ses hautes relations. Bref, un faiseur, un chevalier d’industrie, un aventurier vaniteux. Il joue sa tête avec insouciance, inconscience même.

— Et les pourparlers de Brest-Litovsk se poursuivent, cahotés, obscurs, menacés chaque jour de se rompre. Les maximalistes sont injuriés par les Allemands, qui s’impatientent et se prétendent joués. Ils sont injuriés par les Français, qui les accusent d’être payés par l’Allemagne.

— Le 8. La paix générale s’éloigne. On n’a plus d’espoir que dans un propos prêté à Wilson, déclarant qu’il prendra la parole à son heure, sans s’occuper des discours européens.

— On entoure de béton la base de la colonne Vendôme. En voilà une qui aura vu de la sottise