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tout, dans les milieux politiques. Pourtant, Painlevé dit qu’on n’a pas parlé du cas Sarrail au Conseil du 7, sauf une boutade de Briand disant que, si la Presse attaque Sarrail, c’est que la censure du général Roques est mal faite.

— Dans le Journal du 8. Mme  Vve P… a la grande douleur de faire part de la mort glorieuse de ses trois fils. Suit l’énumération : l’un en 1914, l’autre en 1915, le troisième en 1916. Avoir attendu, avoir collectionné ! Quelle horreur, cette récapitulation !

— Un Suisse, plutôt germanophile, avoue l’infamie des déportations de Lille, ce triage des familles, ces jeunes filles envoyées vers un but inconnu, toute cette volupté de la force.

— L’offensive a repris dans la Somme le 3 septembre. C’est à peine si, désormais, se réjouit en moi la partie de l’être « sensible à la victoire ». Ce qui l’emporte, à chaque village enlevé, c’est la conscience écrasante des pertes, la réalisation des morts et des deuils.

— On imagine que Briand rêve l’avènement de Georges de Grèce au trône de Constantin. Que deviendra Briand dans cette affaire ? On me répond : « Eh bien, et Ruy Blas ? »

— Du fait de la guerre, il y a les nouveaux riches, les N. R. Le dimanche 10, nous avions à côté de nous au restaurant du Canal, à Versailles, un groupe qui bâfrait formidablement. Les vins et les mets les plus chers. Et tous sentaient une tenace odeur de produits pharmaceutiques. Des N. R.

— Des vaches réquisitionnées n’avaient pas de lait. On enseigna à l’Intendance que les vaches n’ont du lait que lorsqu’elles ont des veaux et qu’il faut donc les mettre au taureau. Demande de 500 taureaux. Les bureaux, jugeant que cela revient au même, envoient 500 bœufs.