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refuse d’abord cette démission, puis charge Painlevé de le reconstituer. Cette nouvelle glissade — car il n’y a pas chute — est due à l’hostilité des socialistes contre Ribot. Ils lui tiennent rigueur de ne pas répudier franchement les annexions, d’avoir refusé Stockholm. Il a fallu une démission en bloc pour arracher Ribot à son portefeuille. Mais que fera Painlevé ? Il est trop scrupuleux pour être autoritaire. Il donne trop de poignées de main pour avoir de la poigne.

— Dans Les Hommes du Jour, hebdomadaire d’avant-garde, le dessinateur Gassier a créé une série fort plaisante où il met à la charge d’une tribu sauvage, les Empapahoutas, tous nos tragiques ridicules. Aussi la Censure les tolère-t-elle le plus souvent. Voici un exemple de ces caricatures : deux notables Empapahoutas, nus, noirs, chapeau haut de forme, se montrent du doigt un vieillard qui fume la pipe, assis sur un roc : « Li c’est un type dangéieux, li c’est un pacifisse ».

— Painlevé a reconstitué son ministère. Barthou remplace Ribot.

L’Information publie un article de tête en faveur de la Victoire Économique, avec documents à l’appui de cette thèse féconde. Mais cela laisse indifférent. Il faut à l’opinion du canon, du drapeau, du sang.

— Dans les rues, les gens font des projets. Ils disent souvent : « Après la guerre, moi je… » du même ton que « après l’ondée ». Ils classent cette catastrophe humaine parmi les catastrophes naturelles. Ils ne soupçonnent pas qu’ils pourraient l’arrêter, qu’elle vit de leur consentement.

— Le 25. Arrestation de Lenoir et Desouches, accusés d’avoir voulu acheter le Journal pour l’Allemagne. Desouches, ancien avoué, était fort répandu