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que mensonges et de leur « bourrer le crâne » — avalent tout rond l’accusation contre Malvy. Hélas ! La trahison, en France et en guerre, est toujours accueillie goulûment. Elle calme les blessures de l’orgueil chauvin : « Ce n’est pas étonnant qu’on ait échoué le 16 avril. Malvy avait prévenu les Allemands ! » Comme c’est simple… Et les chefs militaires eux-mêmes ne doivent pas être fâchés de voir l’atroce fable trouver crédit.

— À la Sûreté générale on dit bien que des agents fomentaient des rébellions et que, interpellés par des officiers, ils montraient leur carte. Agents provocateurs, évidemment, qui cherchaient à connaître les vrais révoltés.

— Voici des fragments d’une lettre d’Anatole France où il répond à mes remerciements de notre séjour à la Béchellerie.

« La lettre de Léon Daudet a réveillé les républicains de la Chambre. De l’avis de tous, notre ami a été faible et, si les jours de son ministère étaient comptés avant cette grave séance, le nombre en a encore diminué. Aux successeurs que vous m’énumérez, j’ajouterai un ministère Briand-Caillaux. Je vous le signale uniquement parce qu’il est annoncé par l’âme damnée de Briand et que cela seul est matière à réflexion.

« On me dit que le Pacha avait des amis jusque dans ces Champs où les Anciens mettaient le séjour des ombres heureuses et qu’une parole de ce pacha peut ébranler le plus haut des fauteuils.

« Mais ne pensons qu’à la guerre. On veut trop prouver. Un Tourangeau, pour me démontrer que les Américains vont se battre furieusement, me contait hier que quelques-uns d’entre eux établissent en France une grande fabrique de jambes articulées. »