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« Pour avoir des réparations, on fait de l’irréparable. »

— On supprime le tango au Casino de Deauville. Un soir, des généraux anglais, fort ivres de champagne, y avaient fait scandale. On s’est fort empoigné à ce propos dans un récent Conseil des ministres.

— Le 24. Démission de Leymarien directeur de la Sûreté Générale, à propos de l’affaire Almereyda, qui passe de l’autorité civile à l’autorité militaire. Rumeur. On parle du départ de Malvy. Maginot serait entraîné dans cette chute. Ribot est visé par le groupe Clemenceau, qui le soupçonne de mijoter la paix. On me dit, en effet, de deux sources différentes, que le gouvernement prendrait l’offre du Pape plus au sérieux que l’attitude de la presse ne l’aurait donné à croire.

— Le 24. Les vendeuses de journaux du soir ont une affiche épinglée sur la poitrine : « La cote 304 est prise ! » Nous l’avions donc perdue ?

Cette affaire de Verdun montrera bien la sanglante inanité de la guerre en soi. Car après dix-huit mois de combats, les deux adversaires reviennent à leur position de départ. C’est juste comme s’ils ne s’étaient pas battus, sauf qu’il y a deux cent mille cadavres sur ce coin de terre. Le général Pétain est fait grand’croix de la Légion d’Honneur…

— Il est certain que le désir d’avancement, de rubans et de ficelles (le nom d’argot des galons) figure, du haut en bas de la hiérarchie, dans les raisons qui poussent à ces opérations offensives. Dans le statu quo, il n’y aurait pas d’occasions de distinctions. Tous les camarades officiers que je revis pendant cette guerre étaient dévorés de ce désir de promotion. Il perçait soudain dans leur conversation, qui ne devenait ardente que sur ce point. Il y