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fluence des aumôniers et des religieuses. Tous les officiers de carrière étaient de culture catholique. Et voilà que les deux religions s’opposent, s’affrontent ! Il faut choisir… Oh ! Le choix n’est pas long. On débarque le Pape, qui veut la fin de la guerre. D’ailleurs, quel qu’en eût été le texte, on eût trouvé à le critiquer, à le blâmer. L’impardonnable, c’est de vouloir la paix. Et alors, apparaît cette vérité : des deux religions, catholicisme et patriotisme, c’est le patriotisme qui est la foi la plus vraie, la plus drue, la plus forte, puisque le patriote catholique a été obligé de renier son Pape !

Ce même automobiliste, pour justifier ce reniement de son chef spirituel, sortait à nouveau cet argument que sa sottise à elle seule condamnait, à défaut de sa cruauté : « Tous ceux qui ont perdu un fils, un frère, n’admettraient pas que la guerre n’ait servi à rien. » Il ne se rendait pas compte qu’il exigeait ainsi, — pour un résultat extrêmement douteux, il ne faut pas l’oublier — la perte d’autres fils, d’autres frères ! Je ne fixerai jamais assez de fois cette sanglante ineptie, car elle fait bien sentir l’état de démence, d’Aïssaouas en délire, où nous vivons.

— On libère la classe 88 (des hommes de 49 ans) en commençant par les agriculteurs, puis par catégories de professions « concourant à l’activité nationale ». Cette nomenclature a paru à l’Officiel. Tout en queue de liste, figurent : « Lettres et arts, concierges, garçons de bains, coiffeurs, veilleurs de nuit. » Tandis que le prestige français survivait à l’étranger surtout par les lettres et les arts, voilà à quel rang on les ravale.

— Le 22. La mort d’Almereyda demeure mystérieuse. Les experts concluent au suicide. On punit des gardiens, des médecins. Mais les amis du mort disent qu’il n’était pas homme à se tuer, qu’il savait