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les intermédiaires qui se sont insérés entre l’Intendance et les producteurs. Tel, ayant réussi un achat de macaroni, est mis en goût, étend son maquignonnage à toutes sortes d’autres matières, sans d’ailleurs en connaître aucune.

— On supprime le journal La Tranchée Républicaine et la revue Les Nations.

— Le 18. La proposition de paix du Pape émeut. Tristan Bernard, pour la première fois, voit une vraie chance de paix. Il m’envoie un « pneumatique » où il remarque, avec une délicieuse ironie, que le « catholicisme et le socialisme sont les deux seuls grands partis qui aient des relations extérieures ». Le catholicisme, ajoute-t-il, craint que le socialisme ne s’auréole des lauriers de la paix. Aussi prend-il les devants. Et les conservateurs ont choisi « un Saint-Homme de paille ».

La note est généreuse et large. Elle rappelle les textes de Wilson quand il n’était pas engrené dans la guerre. (Car la guerre vous change son homme, hélas ! Et Wilson en est le plus frappant exemple.) Mais ce document, accueilli en silence par ceux qui espèrent la paix et qui sont par conséquent obligés de se taire, est souillé, le jour même de son apparition, par les injures, les soupçons de la grande presse alliée. On crache dessus, on le repousse du pied. Il est d’inspiration allemande. (Il est plus boche que les boches, disait-on de Wilson il y a huit mois !) Les journaux catholiques, dont la situation est délicate, rappellent respectueusement que le Pape est le chef spirituel et n’a pas à connaître du temporel.

— Dans l’âpreté du commerçant à faire fortune par la guerre, cette ignoble âpreté qui va du grand usinier au mercanti et que la résignation universelle a trop épargnée, rien n’est plus répugnant que l’exploitation du soldat.