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pas, on n’examine pas, on ne réfléchit pas. On ne se demande pas où on va. On ne tient nul compte des deuils ni des pertes. On est résolu à continuer indéfiniment.

— Chez un marchand de primeurs, une affiche : « Défense de prononcer des paroles de critique ou de contrôle qui pourraient affaiblir notre confiance dans les chefs. »

— Le Congrès de la Ligue pour la Société des Nations (Société des Nations dont le principe figure dans un ordre de jour récent de la Chambre), qui devait se tenir de 14 au 16 juillet, est interdit. Vive la Liberté !

— Le fils B…, cavalier, rapporte qu’on a fusillé 200 hommes parmi les troupes mutinées près de Soissons et cernées par 15 régiments de cavalerie. On les aurait exécutés sans jugement régulier, et c’est pour couvrir cette illégalité, l’absence de leur pourvoi, qu’on aurait rapporté le décret, aujourd’hui rétabli, sur le recours en révision.

— Toujours la paix prématurée après trois ans d’une guerre sans exemple ! Songez que les Allemands, d’après leurs textes officiels, eurent 28.600 morts en 1870. Ils en avouent officiellement, cette fois, jusqu’ici 1.300.000. Cinquante fois plus ! Une guerre cinquante fois plus sauvage que celle de 1870… Et la paix serait prématurée ! Nos descendants en crèveront de rire…

— Le croulant président du Sénat, Antonin Dubost, prononce un discours de distribution de prix, à Saint-Louis. Il met en garde les élèves « contre le poison pernicieux du pacifisme prématuré », qui nous est versé par l’Allemagne. Céder à ce « fatal vertige » ce serait « vouer la France à la plus irrémédiable déchéance, à une défaite sans revanche possible ». Et, dix lignes plus loin, ce néfaste gâteux