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grands chauvins veulent une guerre de sang. Souhaiter d’atteindre le but par un investissement avéré, cela les indignerait, les exaspérerait.

— Au banquet de l’Indépendance-Day, un notable américain proclame que le fait culminant de la troisième année de guerre, c’était la conquête de l’Amérique par le maréchal Joffre ! La salle croula d’enthousiasme. Viviani avait l’air empoisonné. Cependant l’orateur ajouta, se tournant vers lui : « …et par le maréchal de l’éloquence. »

— L’oppression de la Censure empêche de décrire le grand chauvin, le contraste effarant de sa vie confortable, pleine d’aises, de bons repas, de distractions de tous ordres, de cette sécurité ouatée du fond de laquelle il pousse les autres à la mort.

— La campagne contre ceux qu’on nomme maintenant les défaitistes continue plus âpre que jamais. Et toujours au nom de cette doctrine de démence : pour éviter la possibilité que nos petits-fils ne connaissent pas dans 50 ans cette tuerie, jetons nos fils à la certitude de la tuerie actuelle ! C’est surtout Viviani, retour d’Amérique, qui se fait le grandiloquent porte-voix de cette effroyable stupidité.

— Le 8. La séance publique qui suivit le Comité secret sur les offensives s’est achevée le dimanche vers 3 h. du matin. Ribot était las. Painlevé lut un discours. Le gouvernement eut contre lui 160 voix. À un moment, sur l’opportunité d’adjonctions à l’ordre du jour, il n’eut que 260 voix contre 240.

Je n’arrive pas à concevoir à quoi obéit Ribot en parlant d’une paix actuelle comme d’une paix allemande, honteuse, et qu’aucun Français, dit-il, ne peut admettre. Ainsi, il crie aux Allemands que nous sommes défaits ! Imagine-t-on notre allégresse si le chef du gouvernement allemand proclamait