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douaniers pour les intérêts. Le crime, c’est de passer outre, en faisant des morts.

— Un paysan dit qu’il a gardé deux pièces d’or, un Napoléon et une République, un mâle et une femelle, dans l’espoir qu’ils feront des petits !

— On me cite, dans les récupérés auxiliaires récents, des sourds-muets !

— Raids d’avions sur Londres. Plus de 100 morts. L’affreuse hypocrisie de la guerre éclate dans le communiqué allemand, enregistrant ce raid « sur la place forte de Londres ».

— Oh ! Le Boulevard, vers sept heures d’un soir d’été… Des putains coiffées de chapeaux en ombrelles ou en marmites, la jupe au genou, le sein nu, le bas transparent, la face peinte ; de jeunes officiers, col ouvert, passementés de gloire ; des Alliés, l’Anglais musclé, le Belge doux, le Portugais fatal, le Russe tout en bottes ; des éphèbes en veston pincé ; des étrangers boucanés ; et, traversant cette foule faisandée, le soldat ivre, amputé, terrible, qui mendie un sou, une cigarette et qui dégueule : « La paix… la paix… »

— Quelle sollicitude pour le cheptel animal ! Il tomba de 17 à 12 millions de têtes. Vite, deux jours maigres ! Il faut songer à l’avenir, n’est-ce pas ? Et le cheptel humain, misérables ! il est tombé de 5 à 3 millions de jeunes têtes ! Y songez-vous ?

— Roux-Costadau, le 15 juin, à propos des crédits, a prononcé un discours prophétique. Il voulut dégager la leçon de ces trois ans de guerre, les offensives coûteuses et vaines ; il réclame l’arme au pied, la relève par les Alliés. Par trois fois, l’Officiel note qu’il est accueilli par des rires. Oui, par des rires ! Et il disait la vérité tragique. L’orateur affirmant que les généraux sont au service de la nation, M. de Mun s’écria : « C’est une monstruosité qu’un tel langage ! »