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bourgeois qui lui demandent d’ouvrir une maison de tolérance, car les soldats pressent toutes les femmes. On l’ouvre. Alors, nouvelle délégation des bourgeoises, qui demandent au général de fermer la maison, car leurs maris y passent tout leur temps.

— Le 26. Les grèves. Deux heures après-midi, sur le Boulevard. Au café, dehors, il faut payer sa consommation sitôt versée, car les grévistes pourraient venir.

De vieux cabots, soutenus par trois violoneux, entourés d’un cercle religieux d’auditeurs, chantent et vendent une chanson qui finit : « Vive la Grève ! »

À la Bourse du Travail, effervescence. Cortèges nombreux et joyeux de femmes. Quelques hommes : de très jeunes gens, des réformés, des médaillés. Des pancartes, des bouquets, en signe de ralliement. Une troupe se forme et, place de la République, contraint les cafés et restaurants à fermer. L’opération est rapide. La masse crie : « Tabliers ! Tabliers ! » La terrasse se vide de consommateurs. Une délégation entre. Le personnel se met en gréve. Un meneur, monté sur une table, annonce la nouvelle. On l’acclame. Les devantures se ferment à grand bruit. Le tout a demandé cinq minutes par établissement.

Cependant, des femmes grévistes se carrent aux terrasses abandonnées, l’air fier et riant. On pense aux souvenirs révolutionnaires, le peuple parcourant les Palais Royaux. Les agents laissent faire.

— Le 28. Les journaux sont unanimes à prétendre qu’il faut voir la main étrangère dans les grèves et à réclamer de la fermeté.

— Le 29. Le Congrès socialiste a voté à la quasi-unanimité la présence de délégués français à Stockholm, où l’on doit d’abord comparaître séparément et envoyer une réponse à un questionnaire dressé