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ces voyages inutiles et juger par là de l’effroyable et niais gaspillage.

— Un colonel du 1er groupe aéronautique monte en dirigeable. Un adjudant s’élance, dans le vide, sur des haubans, pour vérifier les boîtes de roulement des hélices. Tête nue, ses cheveux flottent au vent. Et le colonel, au commandant du bord : « Il a les cheveux un peu longs. Il faudra lui en faire l’observation. »

— 2 heures du matin. Gare de Melun. Descendent des boys-scouts, de 12 à 15 ans. Leur moniteur, qui se sent regardé par les soldats aux portières, aboie : « En ligne face à moi ! Comptez-vous trois ! Au temps ! » Les pauvres gosses obéissent. C’est toute la guerre. Les générations préparées au massacre moutonnier, par goût d’ostentation, de caporalisme.

— Les échos du voyage Joffre-Viviani s’achèvent en éclats de rire. C’est d’un ridicule pénible. Ces accolades, ces baise-mains, cet avocat qui pérore inlassablement sans être compris de personne. Et ce discours de Joffre : « I do not speak english. Vive l’Amérique ! » Et son déraillement au cours duquel il continue à bouffer…

— À cause de l’offensive, on a suspendu 13 jours les lettres des soldats en Champagne. 13 jours où les parents vivaient dans une angoisse de chaque seconde !

— Les officiers russes aux Inventions disent qu’ils apprennent les événements de leur pays par les journaux français. Les voilà bien informés ! L’un d’eux, blagueur, me dit : « Nous avons quatre gouvernements : le provisoire, la Douma, les tsaristes, le Comité ouvrier. Et encore, ce dernier est scindé par un schisme. »

— La restriction possible du pain émeut plus le paysan que la menace suspendue sur son fils aux ar-