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d’une octave: mais à chaque point vous entrez dans une octave différente, dans un autre étage, soit en montant, soit en descendant, par rapport au son fondamental ut, lequel ainsi se trouve bien de la même octave en descendant diatoniquement, mais non pas en montant. Voyez la même fig.

Dans ces nouveaux caracteres le dieze s’exprime par une petite ligne oblique qui croise la note, en montant de gauche à droite; sol dieze, par exemple, s’exprime ainsi 8, fa dieze, ainsi 4. Le bémol s’exprime aussi par une semblable ligne qui croise la note en descendant, exemple, 3, 7, & ces signes, plus simples que ceux qui sont en usage, servent encore à montrer à l’œil le genre d’altération qu’ils causent. Quant au béquarre il devient inutile, par la raison que les autres signes sont toujours inhérens aux notes altérées, & que toutes celles auxquelles on ne les verra point, devront être exécutées au ton naturel qu’elles doivent avoir sur la fondamentale où l’on est.

Pour déterminer le son fondamental de quelques tons ou cordes originales que ce puisse être, dont le c-sol-ut est le principal dans la gamme naturelle, on écrit en marge au-haut de l’air le mot qui lui est correspondant, c’est-à-dire sol, re, la, &c. Alors ce sol ou ce re, qu’on peut appeller la clé, devient ut, & servant de fondement à un nouveau ton, à une nouvelle gamme, toutes les notes du clavier ou de l’échelle, lui deviennent relatives, & ce n’est alors qu’en vertu du rapport qu’elles ont avec ce son fondamental, qu’elles peuvent être employées.

Quant à la mesure, toutes les notes qui sont renfermées entre deux lignes perpendiculaires, font justement la valeur d’une mesure, qu’elles soient en grande ou petite quantité, cela n’altere en rien la durée de cette mesure qui est toujours la même; elle se divise seulement en parties égales ou inégales, selon la valeur & le nombre des notes qu’elle renferme. Et de-là la nécessité de séparer les différens tems de la mesure par des virgules. Ainsi quand une note seule est renfermée entre les deux lignes d’une mesure, c’est un signe que cette note remplit tous les tems de cette mesure, & doit durer autant qu’elle. Dans ce cas, la séparation des tems de vient inutile, on n’a qu’à soutenir le même son pendant toute la mesure. Quand la mesure est divisée en autant de notes égales qu’elle contient de tems, on peut encore se dispenser de les séparer; chaque note marque un tems, & chaque tems est rempli par une note; c’est l’objet de la fig. 5. Mais dans le cas que la mesure soit chargée de notes d’inégales valeurs, alors il faut nécessairement pratiquer la séparation des tems par des virgules. Le caractere qui détermine le nombre de ces tems, se place toujours dessous la clé avant les doubles barres, à la tête de l’air, (Voyez fig. 6.) où non-seulement cette regle est pratiquée, mais encore où l’on a réuni les silences, les points d’augmentation & les syncopes.


Les notes dont deux égales remplissent un tems, s’appellent des demies, celles dont il en faudra trois, des tiers, celles dont il en faudra quatre, des quarts, &c. Mais lorsqu’un tems se trouve partagé de sorte que toutes les notes n’y sont pas d’égale valeur, on lie celles qui sont de moindre valeur par une ligne horisontale qu’on place au-dessus ou au-dessous d’elles-mêmes. Exemple ||5, 432, 17|i||; lorsqu’il se trouve dans un même tems d’autres subdivisions d’inégalités, on se sert alors d’une seconde liaison. Exemple ||12, 345, 456|5|| ces liaisons équivalent aux croches & aux doubles croches. A l’égard des tenues & des syncopes, on peut se servir de la ligne courbe qui est en usage dans la musique ordinaire, ou bien se servir du point, en lui donnant de même qu’à eux une valeur déterminée, c’est-à-dire que si le point remplit seul un tems ou une mesure, le son qui a précédé, doit être aussi soutenu pendant tout ce tems ou toute cette mesure; & si le point se trouve dans un tems avec d’autres notes, il fait nombre aussi-bien qu’elles, & doit être compté pour un tiers ou pour un quart, suivant la quantité de notes que renferme ce tems-là en y comprenant le point: en un mot le point vaut autant, ou plus ou moins que la note qui l’a précédé, & dont il marque la tenue, suivant la place qu’il occupe dans le tems où il est employé. (Voyez même fig. à la treizieme, quatorzieme, quinzieme & dix-septieme mesures).

Le zéro par sa seule position, & par les points qui le peuvent suivre, lesquels alors expriment des silences, est le caractere propre à remplacer toutes les pauses, soupirs, demi-soupirs, &c. qui sont en usage dans la musique ordinaire. Et lorsqu’il s’agit de passer plusieurs mesures en silence, les chiffres 2, 4, 8, &c. placés dessus un zéro, en déterminent le nombre. (Voyez à la tête de la même fig.)

La fig. 7. représente un essai complet de ce genre de note, avec des paroles. Quoique cet essai ne soit conforme qu’au système des chiffres avec des points, il n’en résulte pas moins qu’il ne le soit dans tout le reste à la méthode de l’auteur. Les chiffres ou notes sur la ligne horisontale, desquels il a d’abord été parlé, peuvent exactement être réservés pour les parties d’accompagnement, & ceux-ci, sans cette même ligne, avec des points peuvent l’être seulement pour les parties du chant.

La fig. 8. représente l’étendue des quatre parties vocales, & celle des quatre parties instrumentales: comme les voix ont en général une étendue fixe depuis le grave jusqu’à l’aigu, on l’a déterminé dans cette fig. par le moyen des blanches, & l’extension qu’elle peut avoir tant d’un côté que de l’autre, par le moyen des croches. Quant aux instrumens, c’est le ton de la plus grave corde qui y est marqué d’un côté, & de l’autre le plus aigu que ces instrumens rendent, & que l’on puisse raisonnablement employer dans leurs parties. (Voyez Étendue, & la Pl. XXII. de la Lutherie).

PLANCHES V. & V. bis.

La fig. 1. représente le diagramme général du système de musique des Grecs pour le genre diatonique. Or comme cette matiere est ample & curieuse, nous pensons être obligés de nous étendre un peu dessus, afin de faire connoître les progrès successifs qu’a faits ce système depuis son origine jusqu’à celle du système des modernes, représenté fig. 2.

Nous n’entreprendrons point de rapporter ici l’histoire fabuleuse de Mercure, qui laisse entrevoir beaucoup de contrariété dans les faits, & sur lesquels la plupart des auteurs ne sont point d’accord; nous nous en tiendrons simplement à ce qui est le plus généralement reçu, & nous dirons seulement que les Grecs auxquels on attribue l’invention des Sciences & des Arts, & principalement de l’art de la musique, entreprirent de tirer celui ci de la barbare ignorance dans laquelle il étoit alors enseveli: le premier pas qu’ils firent donc dans cette carriere, fut d’établir un nouveau système (4). Que cela paroisse hasardé ou non, il est certain que c’est de chez cette nation que généralement on fait sortir

(4) Plusieurs auteurs ont accordé aux Grecs beaucoup plus d’ambition que d’invention; l’histoire de Cadmus Phénicien, qui apporta à Athenes les 16 premieres lettres de leur alphabet, l’an 2620, peut être une autorité contraire à l’opinion commune sur cet article. (Voyez Pline, liv. 7. ch. 57. Lucain, liv. 3, & Strabon, liv. 16.)