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PLANCHE LXXXV.

La Puce n’a point d’ailes, ce caractere l’a fait ranger dans la classe des insectes apteres, c’est-à-dire qui n’ont point d’ailes, cependant elle a beaucoup de rapport avec les autres insectes, en ce qu’elle subit comme eux toutes les mêmes métamorphoses, & qu’elle ne parvient à son état parfait qu’après avoir passé par l’état de ver, ensuite par celui de nymphe renfermée dans une coque qu’elle se fille, & d’où elle sort sous l’état de Puce; alors elle a sa forme parfaite, elle est adulte & elle peut se reproduire. Tous les autres insectes sans ailes sortent au contraire de l’œuf sous la forme qu’ils doivent avoir jusqu’à leur mort; ils ne subissent aucun changement, ils prennent seulement de l’accroissement.

La Puce a pour caracteres génériques six pattes propres à sauter, deux yeux, la bouche recourbée en-dessous, les antennes filiformes, le ventre simple & arondi, c’est-à-dire sans filets.

La figure que nous donnons ici de la Puce, a été copiée d’après celle que Hook a donnée dans sa Micrographie, vue & grossie au microscope solaire comme l’espece de la Planche précédente. M. Geoffroy rapporte d’après ce même auteur anglois pour prouver la force de la Puce, un fait qui surprend encore plus par la pa-tience & l’adresse de l’artiste, que par la force de la Puce. « Un ouvrier anglois avoit construit en ivoire un carrosse à six chevaux, un cocher sur le siege avec un chien entre ses jambes, un postillon, quatre personnes dans le carrosse & deux laquais derriere, & tout cet équipage étoit traîné par une Puce ». Hist. abrégée des insectes par M. Geoffroy, T. 2. p. 612.

POLYPIERS.

PLANCHE LXXXVI.

On admet le nom de Polypier pour exprimer en général les corps marins qui ont été mis pendant longtems au rang des végétaux, mais qui ont été enfin reconnus pour des productions animales, parce qu'ils sont formés & habités par de petits insectes auxquels on a donné le nom de Polypes. Ces petits animaux vivent & travaillent en société comme les Abeilles, & construisent des cellules ou des tuyaux analogues à leur forme & d'une substance plus ou moins dure; mais comme on ne connoît que très-imparfaitement leur conformation, on est obligé d'avoir recours à leurs ouvrages pour pouvoir les classer méthodiquement.

On divise les Polypiers en trois ordres principaux, qui sont les Litophytes, les Madrépores, & les Eponges. On a donné le nom de Litophyte à ceux qui sont en tout ou en partie d'une substance analogue à de la corne; on comprend sous le nom de Madrépore les Polypiers qui sont en entier d'une substance pierreuse; enfin l'ordre des Eponges renferme ceux d'une substance mole & spongieuse*. Chacun de ces trois ordres se divise en plusieurs genres, lesquels se soudivisent en un grand nombre d'especes. Le premier ordre contient trois genres, savoir, 1°. les Litophytes simples, c'est-à-dire ceux qui sont en entier d'une substance cornée; 2°. les Litophytes dont la substance cornée est recouverte par une substance terreuse plus ou moins dure; 3°. les Litophytes articulés. L'ordre des Madrépores renferme un plus grand nombre de genres; on compte 1°. les Madrépores branchus, oculés, auxquels on a donné le nom de Pore; 2°. les Madrépores branchus dont les rameaux sont cylindriques & terminés en pointes, & qui sont connus sous le nom d'Abrotanoïde; 3°. les Madrépores cylindriques branchus, qui se divisent en un grand nombre de rameaux qui sont garnis sur toute leur longueur d'autres petits rameaux comme si c'étoit des feuilles, ce qui les fait appeller Madrépores en arbres, quand ils sont élevés, & Coralloïdes, quand ils sont bas; 4°. les Madrépores en lames paralleles comme les Champignons

  • Il y a encore plusieurs Naturalistes qui doutent si les Eponges sont produites par des insectes comme les autres Polypiers, parce qu'on ne peut les découvrir dans la substance des Eponges.

de mer. 5°. les Madrépores à rayons concentriques dont les tuyaux sont tous réunis en masse, auxquels on donne le nom d'Astéries ou Astroïtes; 6°. les Madrépores à rayons ou lames concentriques, dont les tuyaux sont distincts & même quelquefois ramifiés comme les œillets de mer; 7°. les Madrépores striés qui se divisent en branches applaties ou en feuilles, connus sous le nom de Madrépores en feuilles; 8°. les Madrépores striés en masse comme les Cerveaux de mer; 9°. les Madrépores à tuyaux ouverts & réunis les uns aux autres qui sont appellés Millépores; 10°. enfin les Madrépores à réseaux connus sous les noms de Rétépores, Dentelles de mer ou Escares. Le troisieme ordre contient quatre genres qui sont 1°. les Eponges en masse; 2°. les Eponges plates; 3°. les Eponges cylindriques; 4°. les Alcyonium.

Les quatre figures de cette Planche représentent quatre Litophytes. Celui de la fig. 1. est un Litophyte simple, il est en entier d'une substance analogue à celle de la corne, & noir; il nous vient des grandes Indes. Il est représenté de grandeur naturelle; mais il y en a de cette même espece qui ont jusqu'à deux piés de hauteur.

Le Litophyte de la fig. 2. est de l'espece de ceux que l'on nomme Panache ou Eventail de mer. Sa substance cornée est recouverte d'une substance pierreuse produite par des Polypiers. Cette Panache differe des autres en ce qu'elle a sur toute sa surface de petites élévations faites en pointes & entierement pierreuses, à l'exception de la base qui est de substance cornée. Les Glands de mer qui sont attachés à cette Panache, sont recouverts de même que la Panache, d'une couche pierreuse formée probablement par des Polypiers différens de ceux de la Panache. Il y a de ces Panaches qui ont jusqu'à un pié & demi de diametre. Celle-ci est représentée de grandeur naturelle; on trouve cette espece à S. Domingue.

Le Litophyte de la fig. 3. est composé de trois substances très-différentes; il est recouvert en entier comme la plupart des autres Litophytes, d'une partie terreuse ou brune, mais la partie recouverte est dure, blanche & d'une substance pierreuse. J'ai fait représenter une branche A de ce Litophyte dépouillé, afin de faire voir sa conformation. La substance cornée ne s'étend pas d'un bout à l'autre de la branche, elle n'occupe que les étranglemens, & semble ne servir qu'à réunir par des articulations la substance pierreuse. On donne à ce Polypier le nom de Corail articulé. On le trouve aux grandes Indes.

Le Litophyte de la fig. 4. est celui qu'on appelle Corail articulé rouge. Il a beaucoup de rapport avec le précédent; il n'y a de substance cornée qu'aux articulations, & le tout est recouvert d'une troisieme substance terreuse, mais beaucoup plus dure que celle du Litophyte précédent. Celui-ci est d'un très-beau rouge avec des points jaunes. On le trouve à l'île de Bourbon.


PLANCHE LXXXVII.

On a donné le nom de Pore aux Madrépores branchus qui ont à l'extrémité de leurs branches sur le tronc & sur les branches même des figures rondes divisées en lames qui s'étendent du centre à la circonférence, & auxquelles on donne le nom d'Etoiles. On voit à la fig. 1. un des plus grands Pores que l'on connoisse, il se trouve dans la Méditerranée. Celui qui a servi de modele pour cette figure, avoit plus de trois piés de hauteur, & environ six pouces de circonférence.

Le Pore de la fig. 2. se pêche aussi dans la Méditerranée; les étoiles qui terminent ses branches, sont beaucoup plus grandes que celles du Pore précédent, ce qui lui a fait donner le nom de grand Pore. Toutes les extrémités des branches sont striées, & les stries diminuent de profondeur à mesure qu'elles s'éloignent de l'extrémité.

Le Pore de la fig. 3. est le Polypier connu sous le nom de Corail blanc ou Corail oculé. Toute la surface du tronc & des branches est couverte d'étoiles. On en trouve beaucoup dans la mer de Saint-Domingue.

Le Pore de la fig. 4. est le Corail proprement dit, ou le Corail rouge, couvert de son écorce sur laquelle on