Page:Encyclopedie Planches volume 4.djvu/213

Cette page n’a pas encore été corrigée

passe la planche sous une regle de ser fixée sur le régloir, & que l’on assujettit d’une main, pour que de l’autre on puisse avec le tire-ligne commencer où la griffe a marqué, ce qui s’opere en tirant à soi, attendu que la forme du tire-ligne est disposée en conséquenee, fig. 3. Cela fait, & successivement jusqu’en bas de la planche, on se sert d’un ébarboir pour en adoucir la superficie, & enlever les barbes grenelées que laisse le tire ligne en passant. Ensuite on dessine légérement avec une pointe tout ce qu’indique le manuscrit, & ce dans l’ordre inverse qu’il offre, afin qu’à l’impression il se présente du droit sens. On porte ensuite la planche sur un marbre de grandeur proportionnée, armé de petites pattes mobiles, qui servent à contenir la planche fixément sur sa surface. Ce marbre doit être propre par son épaisseur à résister aux coups de marteau, & prêter coup à la planche, lorsqu’on vient à frapper les poinçons dessus. Les poinçons frappés, on plane la planche sur un tas avec une masse très-peu bombée sur son plan (a). Cette opération faite, on tire au burin toutes les queues des notes qui en exigent, après quoi on les distingue davantage par croches de différentes especes; ce qu’on appelle crocher; cela se fait encore au burin, quant aux simples croches; & avec l’échoppe, quand ce sont des croches simples, doubles, &c. liées ensemble parallelement, comme en a, fig. D. Cela fait, on passe un brunissoir d’un bout de la planche à l’autre; ce qui la polit & lui donne son dernier point de perfection (b).

Lorsqu’il s’agit de quelques corrections ou de quelques changemens à faire, on repousse l’endroit fautif ou à changer par-dessous la planche, à coups du petit bout du marteau sur le tas; ensuite on se sert du gratoir sur la surface de la planche, on la plane, afin de détruire les éminences qu’ont causées les coups de marteau: c’est par ce moyen qu’on rétablit l’endroit offensé, & qu’on le dispose à recevoir l’impression de nouveaux caracteres. (Voyez, fig. 12. 13. 18. Pl. I. de la Gravure en taille-douce, le compas à repousser, le tas, le marteau, &c.) Quant à la lettre, lorsqu’il s’en trouve à graver dans les interlignes sous la musique, la maniere de s’y prendre est la même dont il est fait mention à l’article Gravure en lettres, &c. On peut graver la lettre soit avant de frapper les notes, ou après; mais généralement la préférence est donnée à la premiere maniere.

Des outils & poinçons propres à la Gravure de la musique.

Fig. 1. A a. Griffes ou paralleles à cinq pointes, servant à fixer les extrémités des portées.

2. B. Régloir ou planche à régler. Sa regle b, & une planche dessous C. d d pattes ou fiches paralleles & immobiles, servant à fixer la planche, & à la maintenir toujours en équerre avec la regle. e e Chevilles qui assujettissent la regle.

3. F. Tire-ligne vu de profil. Burin recourbé de la longueur à-peu près de quatre pouces, & de trois de poignée. f sa facette ou biseau, extrémité tranchante vue de face.

4. G. Pierre à frapper. Marbre sur lequel on frappe la planche, armé de ses pattes mobiles h h h h. i la planche.

5. Poinçon de la clé de sol, vu en-dessus.

6. K. Poinçon de la ronde, représenté dans toute sa longueur. l le même vû en surface.

(a) Ce planage doit être fait, pour plus grande netteté, sur le dessous de la planche, quand elle est d’étain; & au contraire sur le dessus de la planche, quand elle est de cuivre. (b) Quelques uns se servent encore de prêle pour cet esset, principalement sur les planches d’étain; mais joint à ce que c’est une opération moins prompte que l’autre, il en résulte l’inconvénient de mordre un peu trop vivement sur les endroits gravés.


7. M. Poinçon de la noire vu droit, de la longueur de trois pouces (longueur commune à tous les poinçons.) m son repert, sur lequel pose le pouce quand on frappe, afin que la direction de la note soit toujours la même. n denteleure sur le bout, pour griffer le noir, & le contenir dans la cavité. o tête de noire, à laquelle on a tiré une queue, vu du sens que la planche l’offre, & qui se présente de droit sens à l’épreuve.

Ces figures suffisent pour donner une idée générale de la longueur & de la grosseur de tous les autres poinçons.

On se contente seulement de donner ici un jeu de poinçons, lesquels sont au nombre de 24, non compris celui des neuf chiffres primitifs, dont on se sert pour coter les planches & chiffrer les basses dans la musique. On peut doubler, tripler, quadrupler ces jeux, selon le besoin que l’on a qu’ils soient plus ou moins gros, ou plus ou moins petits. Ces 24 pieces sont généralement la base de toutes celles des Graveurs de musique; si quelques-uns d’entre eux portent plus haut le nombre de ces pieces, c’est plus ancienneté d’habitude que raison; car les bâtons de mesure, les coulés ou liaisons, & autres pieces de cette espece qu’ils frappent encore, peuvent également se faire toutes avec l’échoppe & au barin, ainsi qu’il a été dit plus haut à l’égard des croches & doubles croches séparées ou liées. Ces échoppes & ces burins sont les mêmes dont se servent les Graveurs en lettres. Voyez la Pl. précédente.

Noms des poinçons.

Fig. A. 1. Clé de fa. 2. Clé d’ut. 3. Clé de sol. 4. Dieze. 5. Béquarre. 6. Bémol. 7. Ronde, de laquelle on fait une blanche, en lui tirant une queue au burin. 8. Tête de noire, de laquelle on fait de même noires & croches. 9. Petite tête de noire, qu’on appelle petite note d’agrement, parce qu’elle sert en effet dans la musique pour les ports de voix, & autres agrémens; on lui fait une queue, & on la croche de même que la grosse tête de noire. 10. Point. 11. Trille, dit tremblé ou tremblement. 12. Cadence 13. Guidon. 14, 15 & 16. Différentes figures arbitraires de renvoi. 17. Pause & demi-pause, poinçon qui se frappe de deux manieres, c’est-à dire tantôt sur la ligne, & tantôt dessous, selon l’exigence des cas. 18. Soupir. 19. Demi-soupir. 20. Quart de soupir. 21. Demi-quart de soupir. 22. Quart de quart de soupir. 23. Reprise, de laquelle on ne frappe quelquefois que les points avec le poinçon n°. 10. le reste se faisant encore au burin & à l’échoppe. 24. Signe de mesure à quatre tems, dit C, parce qu’il en a la figure à-peu-près. a Portée de cinq lignes tirées avec le burin recourbé ou tire-ligne, précédée d’une trace ponctuée & annoncée par les cinq points de la griffe, pour faire connoître que c’est de cet endroit qu’a parti le tire-ligne.

B. Portée sur laquelle les notes ont été dessinées & ensuite frappées; on y voit encore les barres de mesure qui n'y sont que dessinées.

C. La même portée avec les queues aux notes, tirées au burin, de même que les barres de mesure.

D. La même portée, mais finie, c'est-à-dire que les notes ont leurs queues, leurs croches, leurs liaisons; &c. tout ce qui peut en un mot remplir l'objet qu'on se propose en pareil cas. On y a joint des paroles au-dessous, afin d'offrir ici un exemple complet du tout, quoiqu'abrégé. Article de Musique par Madame Delusse.