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faite au burin ou à l’eau-forte, en se servant du burin losange ou quarré. En repassant le burin dans la taille r s elle acquerra la profondeur r t s, & elle sera plus profonde & plus ouverte si on plonge davantage la pointe du burin.


PLANCHE IV.

Fig. 1. Cette figure représente la maniere dont on doit tracer un sujet qu’on voudra faire entierement au burin, comme seroit un portrait: on s’y prendra comme nous l’avons dit dans la Planche précédente, fig. 1. & 2. pour calquer le dessein sur la planche vernie. Cela posé on tracera ferme avec une pointe un peu coupante les contours de son objet calqué sur le vernis; on formera avec la plus grande exactitude les épaisseurs des ombres, des demi-teintes, & des reflets par quelques points suivis ou quelques bouts de hachures tels qu’on les voit ici en a a a. Pour peu que l’on ait appuyé, on aura un trait suffisamment marqué pour n’être pas obligé de le faire mordre, alors on dévernira la planche. Ce tracé ne doit point être ébarbé crainte de l’effacer, & il doit servir à guider l’artiste pour ébaucher, comme on va voir dans la figure suivante.

2. La même figure ébauchée au burin. Cette préparation doit être faite par des tailles simples: ces tailles doivent s’arrêter en s’adoucissant sur les for mes que l’on a tracées, & se serrer davantage sur les contours qu’elles doivent former en se couchant les unes sur les autres comme on le voit en b b, &c. Les lumieres doivent être reservées plus larges afin d’être toujours le maître de les resserrer autant qu’il sera nécessaire, soit en filant les tailles, soit en les prolongeant par des points, comme on le verra dans la figure suivante. Les cheveux doivent étre ébauchés par des tailles serrées & avec légereté.

3. Empâtement pour le genre de portrait. La même tête finie. On voit que la taille de l’ébauche se trouve toujours la dominante sous les travaux du fini. Les secondes & les troisiemes tailles ne servent qu’à peindre & à donner plus de mollesse à la peau. Les points doivent être un peu alongés pour ce genre; ils sont plus serrés vers les ombres, plus écartés & plus tendres à mesure qu’ils se perdent dans la lumiere. On peut remarquer aussi que le plein d’un point répond sur le vuide qui se trouve entre deux autres placés au-dessus ou au-dessous: on dispose les points de cette maniere afin d’éviter que les intervalles qui se trouvent entre eux ne se correspondent les uns au-dessus des autres, ce qui occasionneroit des petites lignes blanches qui détruiroient la douceur & la tranquillité du travail.

Les touches ne doivent être portées à leur juste ton de vigueur qu’en dernier lieu, afin de proportionner le degré de couleur qui leur convient au ton de tout le travail. C’est cette analogie qui vivifie le sujet. La touche doit être brillante ou vigoureuse, par opposition à ce qui l’environne; mais elle doit toujours être fondue & accompagnée pour qu’elle ne soit point dure ou trop tranchante; le moyen d’éviter ce défaut, c’est de réunir le plus grand noir auquel la touche puisse être portée, dans le centre d’elle-même. Si au-contraire on donnoit autant de couleur sur les extrémités que dans le centre, la touche paroîtroit toujours aigre & dure, quand même elle n’auroit que la moitié du ton de couleur d’une autre, amenée & dégradée du centre vers les bords, comme nous le venons de dire.

Ce principe est relatif, non-seulement à la figure qu’on a sous les yeux, mais à tout autre sujet: c’est un axiome en Gravure comme en Peinture, que les plus grands bruns ne peuvent être amenés que par gradations pour produire un effet vrai. On pourra se former un bon goût de graver dans ce genre d’après les portraits gravés par C. Vischer, Nanteuil, Maslon, Edelink, Drevet, &c. Voyez l’article Graveur.

4. Le trait d’un bras disposé pour être gravé au burin. a l’épaisseur de l’ombre & du reflet; b la demi-teinte; c demi teinte pour faire fuir le bras éclairé; d la partie la plus saillante du bras qui restera la plus lumineuse.

5. Le même bras fini. Il faut observer que les contours formés par des traits dans la figure précédente ne subsiste plus dans celle-ci, mais que ce sont les tailles qui en se serrant l’une sur l’autre en e, f, g, dessinent la forme du bras; on voit aussi que les tailles sont moins serrées vers la lumiere en h que vers les contours.

6. Empâtement, dans le genre d’histoire, se dit de la préparation des chairs à l’eau-forte ou au burin. Cet empâtement consiste dans un mélange de tailles suivies ou quittées, recroisées par des secondes dans les ombres, comme a a, &c. des tailles suivies ou en points longs entremêlés de ronds dans les demi-teintes comme b, b, b; des points ronds c, c sur les lumieres, plus écartés les uns des autres que dans les demi-teintes; des touches formées par plusieurs traits proches les uns des autres, & quelquefois accompagnées de points pour les rendre plus moëlleuses; des contours formés par des points longs ou ronds pour qu’ils ne soient point secs, & enfin des masses d’ombres méplates établies par des tailles qui puissent servir dans le fini de secondes ou de troisiemes sur les demi-teintes ou dans les reflets.

Cet empâtement est subordonné au goût de l’artiste, qui doit pressentir ce que tous ces travaux deviendront dans le fini, & le moëlleux qui en doit résulter lorsqu’ils seront fondus ensemble sous des travaux plus légers. On pourra se donner une idée de la maniere d’exprimer ou d’empâter les chairs d’après les figures gravées dans nos Planches de dessein. Mais on sentira mieux ce qu’exige le genre d’histoire, & on se formera un bon goût d’après les chefs-d’œuvre des grands maîtres, tels que Vischer, Gerard Audran, Edelinck, Poilli, Cars, &c. cités à l’article Graveur.

Cet exemple, que l’on a fait mordre convenablement, fera juger de la différence du ton d’une eau-forte d’avec celui du burin; la fig. 3. faite au burin servira de piece de comparaison.

La gravure en petit, c’est-à dire celle dont les figures, les animaux, le paysage sont d’une très-petite proportion, exige que l’on fasse mordre davantage la planche, ayant toujours égard à la dégradation que doivent avoir les différens plans. Voyez fig. 4. Pl. V. Le principal mérite du petit est d’être très-avancé à l’eau-forte. Les contours des figures doivent être prononcés avec plus de fermeté, les touches seront établies & frappées presque au ton qui leur convient, elles en seront plus spirituelles, & le travail moins chargé de tailles que dans la gravure en grand. Le burin n’étant pas propre à dessiner les petits objets comme la pointe avec laquelle on peut badiner sur le cuivre comme avec le crayon sur le papier: on ne s’en servira que pour mettre l’accord général & plus de propreté aux endroits qui en seront susceptibles la pointe seche fera aussi une partie des fonds les plus légers.

On peut consulter sur ce genre les estampes gravées par les sieurs Leclerc, Cochin, Labelle, Callot, &c.

Finir, se dit en général d’une planche ébauchée à laquelle on donne l’effet de l’objet qu’on se propose d’imiter. Ainsi le fini consiste donc, 1°. à donner plus de force & plus de surdité aux ombres ou aux reflets, soit en rentrant les tailles, soit en passant des troisiemes & des quatriemes tailles sur les premieres; 2°. à fondre davantage les ombres par des demi-teintes, soit en filant les tailles vers la lumiere, ou en les ternissant par des points; 3°. à donner les touches les plus vigoureuses, soit en