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Deux rois & deux dames de trefle & de pique.

Deux valets de trefle & de pique; ce qui fait en tout vingt figures qui sont peintes en cinq couleurs.

Le second contient vingt valets, dix de cœur, & dix de carreau, qui ne sont peints ordinairement qu’à quatre couleurs.

L’on imprime cinq feuilles de la premiere sorte pour une de valets rouges; ce qui fournit à dix jeux de cartes de toutes sortes.

Dimension de la carte. Les cartes prises dans l’intérieur des traits qui terminent leur quarré oblong, sont de trois pouces de hauteur sur deux pouces de largeur. Or il y a une distance intermédiaire entre ces traits, laquelle est d’une ligne en tous sens. On appelle cette distance ou réserve, champ. C’est par le champ que se fait la section de la carte avec les ciseaux; ensorte que la dimension de la carte est en tout de trois pouces & une ligne de haut, sur deux pouces & une ligne de large.

Dimension d’un moule à vingt figures. Mais il faut remarquer que les traits ou lignes qui terminent le grand quarré qui renferme les figures, n’a qu’une demi-ligne de champ, attendu que la carte n’en doit comporter qu’une demi-ligne sur chacun de ses côtés; en conséquence un moule de vingt figures doit avoir exactement dans l’intérieur des traits qui terminent le grand quarré, douze pouces & quatre lignes de haut, sur dix pouces & cinq lignes de large, pié de roi, avec un rebord d’environ six à neuf lignes.

Les dimensions dont il s’agit ici, ont été prises sur les moules actuellement en usage à Paris; mais elles varient selon les lieux. Cette variation doit être connue pour bien juger de la diminution que les cartes peuvent souffrir pour la recoupe.

Il faut que le moule soit posé sur une table solide.

Composition du noir à imprimer. Le noir dont on se sert pour l’impression des premiers traits des figures par le moyen du moule, se fait de colle & de noir de fumée; on les laisse agir l’un sur l’autre, & le noir le plus anciennement préparé, est le meilleur.

Les outils & ustensiles dont on se sert pour cette opération, consistent en une brosse à longs poils, avec laquelle on noircit le moule, & un frottoir de crin ou de lisieres, pour appliquer la feuille sur le moule.

On humecte de tems en tems ces frottoirs avec de l’huile, pour qu’ils coulent plus facilement sur la feuille de papier, & ne la déchirent point.

Il faut user sobrement d’huile, parce que si la feuille en avoit trop, elle ne prendroit pas la colle.

Moitissage du papier. Pour que le papier puisse prendre l’impression des traits, il faut qu’il soit moiti; & voici comment cela se fait.

On trempe dans l’huile le papier pot, & ensuite on le met sous presse, afin que l’huile se répande également par-tout, & que le superflu en soit exprimé. On laisse ordinairement le papier huilé sous la presse environ sept à huit heures.

Un bon mouleur peut en treize heures de travail mouler deux mille cinq cens feuilles.

Lorsque le moulage est fait, il est d’usage d’étendre les feuilles sur des cordes pour les faire sécher.

Collage. Après la distribution ou l’arrangement des papiers, fait dans l’ordre que nous avons indiqué ci-dessus, en parlant du mêlage, l’on procede au collage. Or l’explication de l’une de ces manœuvres devient l’éclaircissement de l’autre.

Il faut seulement observer qu’un bon ouvrier ne peut coller par jour, c’est-à-dire dans treize heures de travail effectif, que douze à quatorze tas composés chacun de quarante mains, ou seulement huit à neuf tas faits chacun de soixante mains, encore cele suppose-t-il un auxiliaire pour presser, piquer & étendre aux cordes les tas qu’il colle; sans cet auxiliaire, il ne peut coller que moitié.

Le premier collage se nomme le collage en feuille.

Le second collage se nomme le collage en ouvrage.

Il faut que le tas de l’un & de l’autre reste en presse pendant une heure ou environ, afin de faire prendre corps à la colle avec le papier, & en exprimer le superflu.

Il est à observer qu’on ne met ordinairement sous

 presse que dix mains de collage en blanc ou deux cens cinquante cartons; une plus grande quantité pourroit s’écarter & se gâter.

Composition de la colle. La colle qui sert à former ou mettre en carton, se fait ordinairement de farine & d’amidon. C’est du degré de cuisson qu’on lui donne, que dépendent sa bonté, sa solidité & sa blancheur. On la fait refroidir dans des baquets. Quand elle est froide, on la passe au tamis pour la rendre égale & la nettoyer d’ordures.

Etendage. Pour faire sécher le collage, si c’est de l’étresse, on pique & on étend cinq à six feuilles ensemble; si ce sont des cartons avec tous leurs papiers, on les pique par double avec un fil de laiton, le papier-cartier en-dedans, pour les accrocher à des cordes tendues dans un endroit aéré, spacieux & commode.

On ne laisse en été les cartons aux cordes que pendant vingt quatre heures, à moins que le tems ne soit pluvieux; en hiver on les fait sécher au poîle.

Le tems qu’ils restent aux cordes; dépend alors du plus ou moins de feu que l’on entretient dans les étendages; à un feu vif & égal, il faut trente-six heures pour sécher.

Un commis ne peut être trompé sur cet article, en visitant journellement les étendages d’un cartier, parce qu’on ne peut substituer des cartons sortans de la presse à des cartons en partie ou tout-à-fait secs, qu’il ne s’en apperçoive à la différence de couleur que les uns & les autres présentent à la vûe.

Les cartons secs sont abattus & dépinglés en très-peu de tems.

Un ouvrier dans trois heures peut abattre, dépingler & mettre en pille l’ouvrage de la journée d’un colleur; cela s’appelle abattre le collage.

Premier jéparage des cartons. Il y a deux sortes de séparage, celui de l’étresse en premier collage, & celui de l’ouvrage ou du second collage.

Le premier est le plus long & de beaucoup; la raison en est que l’on étend aux cordes cinq ou six feuilles ensemble qui collées les unes aux autres par leurs extrémités, ne peuvent être séparées qu’avec peine; au lieu que l’ouvrage ou le second collage n’est étendu que double à double; ce qui en rend la séparation plus aisée.

On ne peut évaluer qu’imparfaitement le tems de cette manœuvre, parce que les maîtres cartiers ne font séparer leurs étresses & ouvrage qu’à différens intervalles, selon qu’ils en ont besoin.

On estime cependant qu’un ouvrier peut séparer par jour vingt-cinq grosses d’étresses, & quatre cens cinquante mains d’ouvrage.

La grosse contient douze mains, la main vingt-cinq cartons. L’usage est de compter l’étresse collée & les cartons de tête par grosses, & les cartons de points par dix mains.

Avant que de parler du second séparage, on va expliquer de quelle maniere se fait la peinture, attendu que le dernier séparage se fait après que les cartons ont été mis en couleur.

Peinture. Après que les cartons sont redressés, on les peints; & cette manœuvre s’appelle habillage.

Les têtes ou figures reçoivent plusieurs couleurs, sçavoir, cinq pour les rois, dames & valets noirs, le jaune, le gris, le rouge, le bleu & le noir. Les valets rouges ne reçoivent que les quatre premieres.

Il faut pour cet effet cinq patrons. Ces patrons sont découpés chacun relativement aux parties des figures auxquelles on destine chaque couleur. Ils sont vernis ou mastiqués, & on les nomme imprimures. Les imprimures pour les points ne different pas des imprimures pour les figures.

Il y a cette différence de la peinture des têtes à celle des points, que les têtes se peignent par grosse, & les points par main.

Un ouvrier ne peut peindre par jour que douze mains de tête; il peint au contraire soixante mains de points, attendu qu’il n’y a qu’une couleur à appliquer aux points, & cinq aux têtes.

Lorsque les couleurs ne sont pas placées contiguëment les unes aux les autres, & qu’elles laissent en-