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NOY NOY

naturellement en écailles qui tombent au moindre effort.

Le noyer lacinieux, qui offre sept folioles, dont la noix est grosse, fortement anguleuse, très-pointue ; son amande se mange également. Il se cultive aussi dans nos jardins & n’y craint point les gelées. Son écorce se lève comme celle du précédent.

Le noyer à cochon, qui a sept folioles, la noix petite, ovale, non anguleuse, s’élève extrêmement haut. Il prospère dans des terrains d’assez mauvaise nature. Les gelées du climat de Paris ne lui nuisent pas.

Le noyer muscade. Tout ce que j’ai dit du précédent paroît lui convenir.

Ces sept dernières espèces sont généralement confondues en Amérique, sous le nom d’hickery, & l’avoient été par Linnæus sous le nom de juglans alba. C’est à Michaux fils qu’on doit de les avoir distinguées convenablement, par de bonnes descriptions & de belles figures, dans son ouvrage sur les arbres d’Amérique. Leur bois est blanc, extrêmement tenace, très-pesant, mais très-susceptible de l’attaque des vers & de la pourriture. Aussi ne l’emploie-t-on ni dans la construction des maisons ni dans celle des vaisseaux. On en fait des manches d’outils, des cercles de tonneaux & autres articles de même nature. On l’emploie surtout à brûler, objet auquel il est plus propre qu’aucun autre du même pays. Le meilleur, sous ce dernier rapport, est le noyer velu, & le plus mauvais, le noyer amer.

Les Michaux père & fils ont envoyé en France des millions de noix de ces hickerys, dont une grande partie a été semée par moi dans les pépinières de Versailles, où elles ont parfaitement bien levé ; mais cependant il existe fort peu d’arbres faits dans les environs de Paris, parce que les plants ont successivement péri à la suite de leur transplantation.

C’est donc en place & dans une bonne terre qu’il eût été convenable de placer les noix hickerys envoyées : or, c’est ce qui ne pouvoit être fait par moi, qui ne l’a pas été même par l’administration forestière qui en a reçu également. M. Dandré seul en a fait semer en place au bois de Boulogne, dont le terrain leur convient peu, comme trop maigre & trop sec, mais où elles semblent cependant prospérer.

C’est au printemps qu’il faut mettre en terre, à la profondeur de trois pouces & à la distance de six pieds au moins, les noix d’hickerys arrivées d’Amérique, après les avoir laissé tremper huit jours dans l’eau. Le plant levé se bine & se sarcle au besoin. Les branches qui s’écartent trop du tronc ou qui rivalisent trop de grosseur avec la flèche seront coupées à quelque distance du tronc ; mais on touchera le moins possible aux autres, car ces espèces ont besoin d’un grand nombre de feuilles pour pousser avec quelque vigueur.

Au reste, d’après ce que j’ai dit plus haut du peu d’importance pour les arts du bois des hickerys, il est peu à regreter que leur culture en grand soit si difficile. Les marcottes qui prennent racines dans l’année, lorsque le terrain où elles sont placées est convenable, suffiront toujours aux besoins des écoles de botanique. J’ai fait quelquefois réussir leur greffe sur ses racines du noyer royal.

Le noyer à feuilles de frêne a été trouvé par Michaux père sur les bords de la mer Caspienne. Un des pieds provenant des graines qu’il avoit envoyées existoit encore, il y a peu dans le jardin de M. le Monnier, à Versailles, & y fleurissoit toutes les années. Aujourd’hui il est répandu dans toutes les pépinières, où il se multiplie de marcottes avec la plus grande facilité. Les gelées du printemps le frappent souvent sans lui faire beaucoup de tort. Il croît avec assez de rapidité. Une terre substantielle est celle qui lui convient le mieux. Ses folioles nombreuses (19), & d’une couleur vert clair luisante, le rendent très-propre à l’ornement des jardins paysagers, où il se place au second ou au troisième rang des massifs. Je suppose qu’il doit s’élever au moins à vingt ou trente pieds. Ses noix sont portées sur une longue grappe, & au plus de la grosseur d’un pois.

NYSSA. Nyssa. Genre de plantes de la polygamie diœcie & de la famille des éléagnoïdes, qui renferme cinq arbres ; dont trois ou quatre se cultivent en pleine terre dans le climat de Paris, & encore mieux plus au midi.

Espèces.
1. Le Nyssa aquatique.

Nyssa grandideniata. Mich.  Ђ  De la Caroline.

2. Le Nyssa des bois.

Nyssa sylvatica. Mich. fils.  Ђ  De la Caroline.

3. Le Nyssa biflore.

Nyssa bifiora. Walter.  Ђ  De la Caroline.

4. Le Nyssa ogeché.

Nyssa capitata. Walter.  Ђ  De la Caroline.

5. Le Nyssa velu.

Nyssa tomentosa. Mich.  Ђ  De la Caroline.

Culture.

Le nyssa aquatique, ainsi que je l’ai fréquemment observé dans le premier de ces pays, croît dans les fondrières de la Caroline, de la Géorgie, de la Louisiane, là où il y a plusieurs pieds de boue pendant l’été & plusieurs pieds d’eau pendant l’hiver. On l’appelle vulgairement tupelo. Il parvient à quatre-vingts pieds de haut &