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CER CER


être employé dans les pépinières, parce qu’il ne permet ni de les enterrer assez, ni de biner facilement le plant qu’elles fournissent.

Dans les bois, lorsqu’on veut regarnir en merisiers des places vides, & on devroit le vouloir souvent, il ne s’agit que de donner, au printemps, un coup de pioche sur le terrain, de jeter trois ou quatre noyaux sortant de terre, dans le trou, & de les recouvrir avec le pied.

Toute merise qui a été desséchée risque de rancir, & par conséquent de perdre sa faculté germinative.

Après deux années de séjour dans la planche des semis, pendant lesquelles le plant a reçu un labour d’hiver & deux binages d’été, on le transplante à demeure dans les bois, ou on le repique dans une autre place, préalablement labourée, à deux pieds de distance en tous sens. Là, il est ou greffe rez-terre à la seconde année, ou dirigé pendant trois ans pour devenir haute tige. Rarement, dans ces deux derniers cas, il a besoin d’être récepé.

Il est très-important, lorsqu’on fait une plantation de merisiers pour tirer parti de leur bois, de choisir des pieds qui filent bien, car quoiqu’ils se prêtent mieux que beaucoup d’autres arbres aux moyens artificiels propres à les redresser, il y a toujeurs de d’avantage à ne pas les tourmenter. Comme ils pyramident fort bien & doivent être coupés vers leur vingtième année, on peut les planter très-serrés, c’est-à -dire, à six pieds de distance, fansnuire à leur accroissement,soit qu’ils soient placés en ligne, soit qu’ils soient placés en quinconce.

Toutes sortes de greffes s’emploient sur le merisier ; mais celle en écusson rez-terre, ainsique celle en fente, à hauteur d’homme, sont presque partout préférées. On peut lui appliquer cette dernière à tous les âges, car je l’ai vu réussir sur des pieds qui avoient peut-être un siècle.

Le Cerisier domestique, ou Griottier, ou Cerisier proprement dit, regardé long-temps comme une variété du précédent, quoique l’histoire nous apprenne, ainsi que je l’ai déjà observé, qu’il a été apporté de Cerasonte à Rome, quoiqu’il croisse naturellement très-près de cette ville, c’est-à-dire, dans la Macédoine, la Hongrie, la Grèce. Il se distingue par ses fleurs, qui se développent sur le bois de la dernière année, & qui sont plus petites & légèrement pédonculées ; par ses feuilles plus glabres, plus courtes, plus roides, d’un vert plus foncé, enfin par ses fruits, dont la chair est tendre, juteuse & plus ou moins acide ou austère. Il offre presque toujours une tête arrondie. Son bois est d’un jaune - rougeâtre chatoyant, mêlé de taches jaunes, rouges, vertes. Sa pesanteur par pied cube est, sec, 47 livres 11 onces 7 gros seulement ; on peut l’employer à des ouvrages de tour, mais il est peu recherché, & généralement il ne s’utilise que pour le feu.

Cette espèce n’a pas fourni un nombre moins considérable de variétés que la première, parmi lesquelles il en est de bien supérieures, à mon avis.

La reproduction du griottier a fréquemment lieu par ses accrus, ce qui est rare pour le merisier, mais presque jamais par le semis de ses graines, qui, le plus souvent, sont avortées ; cependant elles sont le seul moyen d’obtenir des variétés nouvelles : en conséquence je dois inviter à le tenter quelquefois. C’est presqu’exclusivement par la greffe en fente sur le merisier ou sur le mahaleb qu’on les multiplie dans les pépinières, tantôt rez-terre, tantôt à cinq à six pieds de hauteur. Il est de ses variétés qui reprennent mieux sur l’un que sur l’autre de ces arbres.

Les cerisiers prospèrent dans toutes les natures de terres & à toutes les expositions ; mais quoiqu’ils craignent la trop grande humidité & la trop grande chaleur, les terres légères fraîches & les chaudes conviennent mieux pour la bonté de leurs fruits. Comme dans la plupart des autres arbres, les variétés très-hâtives & les variétés très-tardives donnent les moins bons fruits.

Une taille rigoureuse convient peu aux cerisiers ; aussi ne met-on en espaliers, même aux environs de Paris, que les variétés qui sont très-hâtives ; aussi n’est-ce que dans un très-petit nombre de jardins qu’on en voit de disposées en quenouille ou en pyramide ; aussi, dans ces deux cas, est-ce sur mahaleb qu’on les greffe, comme s’emportant moins.

La partie extérieure de l’écorce des cerisiers est pourvue de fibres circulaires plus nombreuses que celle des autres arbres, ce qui la rend coriace & nuit au grossissement du tronc. Pour diminuer cet inconvénient, on la fend dans toute sa longueur dans les pays où on raisonne l’agriculture.

Il y a abondance de gomme dans certains cerisiers, laquelle s’extravase lorsqu’on blesse leur écorce, & lorsqu’ils souffrent par défaut de nourriture ou par l’effet de la vieillesse. On en tire quelque parti dans les arts quand on manque de gomme arabique, quoiqu’elle ne fasse que se gonfler dans l’eau, Comme sa sortie passe pour affoiblir l’arbre, & que, pour l’obtenir en abondance, il faut entailler ses branches, une loi défend à tout autrè qu’au propriétaire de la récolter.

Presque tout le monde, & surtout les enfans, aiment les cerises avec passion. On en fait annuellement une immense consommation en certains cantons. Comment se fait-il donc qu’il en soit encore beaucoup où elles ne sont pas connues ? La médecine regarde les griottes comme rafraîchissantes, & en ordonne, en conséquence, l’usage dans les fièvres, surtout lorsqu’elles tendent à la putridité. Les bigarreaux seuls passent pour indigestes & doivent être mangés avec modération. Ces derniers sont sujets à contenir la larve de deux espèces d’insectes, du Charan-