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& en ligne contre les murs, qu’il se place ordinairement ; cependant on en met presque partout sans trop le multiplier, pour éviter la monotonie. L’abandonner à lui-même vaut toujours mieux que de chercher à lui donner une forme artificielle, ce qu’on ne fait que trop souvent, parce qu’on le confond avec le nain, que le croissant est fréquemment employé à tailler.

Cette seconde variété est réservée pour les jardins français, où elle sert principalement à faire des bordures aux plates-bandes, & des boules, des pyramides, des vases, &c., dans ces mêmes plates-bandes. La mode en est, au reste, beaucoup tombée depuis quelques années. Cette secondé variété ne s’élève guère qu’à trois ou quatre pieds, & rarement ses tiges ont plus de deux ou trois pouces de diamètre. On le reconnoît très-facilement à ses feuilles plus rondes.

Ces deux buis se multiplient de graines dont ils donnent abondamment, mais qu’il est difficile de récolter bonnes, à raison de ce qu’on ne peut juger avec certitude de l’époque de leur maturité, & qu’à cette époque elles sont lancées au loin par la rétraction de leur capsule, & qu’il faut par conséquent s’y prendre à l’avance. Ces graines se sèment de suite en pleine terre, dans un sol très-léger & très-substantiel, & à l’exposition du levant. Des arrosemens légers pendant les chaleurs de l’été seront utiles pour accélérer la pousse du plant. Aux approches des fortes gelées on couvrira ce plant de feuilles sèches, car il redoute leurs effets. Au printemps de l’année suivante on pourra le lever pour le planter dans la pépinière, en lignes écartées de six pouces, mais il vaudra mieux attendre une année plus tard & écarter les lignes du double ; à quatre ou cinq ans il sera bon à être mis en place.

Mais on fait peu fréquemment usage de la voie du semis pour multiplier le buis, à raison de ce qu’il se reproduit avec plus de rapidité & bien moins de peine par celle des marcottes, par celle des boutures & par le déchirement des vieux pieds.

Ainsi dans les pépinières, ou on tient bas quelques pieds de buis en arbre pour en coucher les jeunes branches qui prennent racine dans l’année, ou on coupe ces mêmes branches au conmencementdu printemps pour les mettre en terre, dans un terrain frais & abrité du soleil.

Ainsi, dans les jardins ornés, où on est obligé de relever, tous les trois à quatre ans, le buis en bordure, c’est-à-dire, lorsqu’il commence à ne plus trouver assez de nourriture dans la terre, on divise chaque pied en autant d’autres qu’il a de brins, & on les replante, soit dans la même place, après en avoir renouvelé la terre, soit autre part.

La ci-devant Champagne est, je crois, la partie Ia plus septentrionale de la France où croît naturellement le buis nain. Je l’ai vu remplir toutes les fissures des rochers de craie, dans les plus mauvais cantons de cette ancienne province.

Les bordures de buis se taillent très-rigoureusement toutes les années, & même quelquefois, deux fois par année. C’est pendant l’absence de la séve, c’est-à-dire en hiver, qu’on devroit faire-cette opération ; cependant, l’époque de la plus active végétation de cet arbuste est presque toujours préférée, ce qui cause souvent sa mort.

Le buis est excellent pour le chauffage, mais ce sont seulement ses rameaux que l’on emploie à cet usage, parce que son tronc est extrêmement recherché, & par conséquent payé fort cher, pour les ouvrages de tabletterie, auxquels il est plus propre que celui d’aucun autre des arbres indigènes. Ses feuilles servent de litière & augmentent la masse des engrais. Leur décoction à haute dose est purgative, & à petite dose, sudorifìque.

C’est exclusivement la variété ou espèce arborescente du buis qui fournit le bois du commerce ; jamais elle ne constitue seule des forêts, mais est éparse dans celles de quelques pays de montagnes.

Les lieux où il s’en trouve encore le plus sont les montagnes du Charolois, du Jura, du Bugey, du Dauphiné, de la Provence, des Pyrénées. Là, non-seulement on ne fait rien pour favoriser la reproduction de cet arbre, mais on la contrarie : par exemple, il est de fait qu’il n’y a que les pieds venus de graines qui puissent former une tige de quelque grosseur, parce qu’elle est unique ; mais dès qu’une est devenue marchande, on la coupe, & les repousses du pied sont coupées tous les deux ou trois ans pour faire des fagots, de sorte que ce n’est qu’après un grand nombre d’années, après que ces touffes sont arrachées pour avoir leurs racines, plus recherchées que les tiges à raison de leur agréable coloration (voyez Brouzin),qu’il en peut renaître ; mais alors il n’y a plus de tiges fournissant des graines pour le repeuplement.

Il seroit donc important au commerce actuel & futur de la France, que dans les forêts appartenant au Gouvernement, il fût établi des gardes-planteurs chargés de rassembler tous les ans de grandes quantités de graines de buis, pour les répandre dans les clairières de celles qui en contiennent naturellement. La dépense de ces gardes-planteurs seroit très-foiblé, en ce que deux tiendroient la place & feroient les fonctions d’un garde ordinaire pendant dixmois de l’année, le mois d’août seul devant être employé à la récolte des graines, & le mois de septembre à leur semis. Pour effectuer ces semis il suffit de gratter, par un seul coup, Ia surface de la terre des clairières, avec une pioche de fer large de quatre pouces ; de jeter quelques graines sur la terre mise à nu, & de les recouvrir, au moyen du pied, avec ce qui a été enlevé par la pioche, après quoi il n’y a plus rien a faire jusqu’à la coupe.

Il est cependant des cas où il peut être utile de faire sentir aux buis provenant de semence, le tranchant de la serpette ; ce sont ceux où ils offri-