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Ensuite on pose la poële sur les barres de fer, adaptées aux parois du four, pour la supporter.

La poële ainsi posée, on place perpendiculairement des morceaux de verre dans la chaux, qui couvre le haut de la poële, ensorte qu'ils la débordent de deux pouces. On appelle ces morceaux de verre des gardes, parce qu'ils servent à faire connoître quand l'opération est achevée : car lorsqu'ils commencent à fléchir & à se fondre par la chaleur, il ne faut plus pousser le feu.

Avant de mettre le feu au four, on le couvre avec des tuiles ou carreaux de terre cuite, supportés par des barres de fer qui portent à droite & à gauche sur les parois : ils doivent être bien joints & enduits de terre grasse, afin que la chaleur se concentre & ne se porte pas au dehors. On observera de pratiquer aux quatre coins de la calotte, pour la sortie de la fumée, quatre trous d'environ deux pouces de diametre chacun.

On allume d'abord du charbon bien sec à l'entrée du foyer, & on en ajoute de nouveau, à mesure que la premiere commence à se consumer. On continue ce feu doux pendant deux heures. On l'augmente ensuite peu-à-peu avec de petits morceaux de bois de hêtre bien secs, afin que la flamme soit claire, & donne contre le fond de la poële sans exciter de fumée. On continue le feu avec de plus gros morceaux du même bois, que l'on place de chaque côté au-dessous de la poële. On attend, pour mettre un nouveau morceau de bois, que le premier commence à tomber en braise.

Il faut porter son attention sur les gardes & sur les barres de la grille. Quand les verre des des gardes plie ; quand les barres deviennent d'un rouge clair & la poële d'un rouge foncé ; quand, par les ouvertures des coins de la calotte, on s'apperçoit qu'il part des étincelles de la partie supérieure de la poële ; quand enfin le dernier lit de chaux paroît liquide comme de l'eau, ce qui ne peut être que l'effet d'une grande chaleur, on laisse le feu s'éteindre. Pour appercevoir plus distinctement ces traces de feu, ou ces étincelles, tirez le bois du four, de maniere qu'il ne circule plus de flamme au-dessus de la poële, & remuez la braise avec une baguette de fer : vous appercevrez ainsi facilement les étincelles qui s'élanceront de la partie supérieure de la poële. Si après six heures au moins de feu, vous ne remarquez aucune de ces indications, il faudra donner un plus grand feu, jusqu'à ce que les étincelles le forment & que la vapeur qui sort de la chaux vous la fasse paroître fluide. Alors vous cesserez le feu, vous fermerez l'entrée du four, & laisserez le tout se refroidir lentement, de peur qu'un trop grand air ne saisisse le verre & ne le casse.

Si, dans la même poële, on étoit obligé de mettre du verre plus dur & d'autre plus fusil le,


on placeroit le dernier au milieu, pour qu'il fût moins vivement atteint de la chaleur.

Lorsque le four est bien refroidi, on en retire la poële avec soin. On ôte la chaux, mais avec précaution, afin qu'elle puisse servir d'autres fois, & elle sera meilleure que de la chaux nouvelle. Il ne reste plus qu'à néroyer chaque surface du verre avec un linge doux.

Telles étoient, pour colorer le verre d'un seul côté, les opérations des peintres vitriers, lorsqu'ils faisoient des figures d'une grande proportion, & qu'ils employoient pour une partie d'une grande étendue un seul morceau de verre d'une même teinte. Le défaut de variété dans les teintes, qui sont si variées dans la nature, prouve seul quelle étoit l'imperfection de cet art. Si cependant on vouloit le ressusciter, ce qui n'est pas vraisemblable, il ne faut pas croire, comme on l'a trop de fois avancé, que le secret de colorer le verre soit perdu. Il se trouveroit au contraire bientôt perfectionné dans la proportion des progrès qu'a faits la chymie.

Mais si la peinture sur verre venoit à renaître, il est probable que ce ne seroit que pour des sujets de petites proportions. Ce sont des émaux qu'il faut employer dans ce genre de peinture sur verre, le dernier qui ait été cultivé ; le secret de composer ces émaux n'est pas perdu, & nous allons en donner des recettes multipliées.


Emaux colorans pour peindre sur verre dans de petites proportions. Les émaux colorans en usage pour la peinture de petite proportion, sont quelque fois les mêmes que ceux que nous venons d'indiquer pour teindre des masses de verre, & pour colorer seulement une surface des vitres, & quand ils sont différens, ils en approchent au moins beaucoup. On employe de même les pailles ou écailles de fer qui tombent sous les enclumes des forgerons ; mais on préfére celles qui tombent sous le marteau des maréchaux. On fait encore usage du sablon blanc qu'on appelle sablon d'Etampes ; des petits cailloux de riviere les plus transparens, tels que ceux de la Loire ; de la pierre à fusil la plus mûre c'est-à-dire, la plus noire ; de la mine de plomb, du salpêtre, de la rocaille dont nous avons donné la préparation, mais qu'on tire de Hollande toute preparée. Elle n'entre dans la substance des émaux qu'en qualité de fondant : on peut ranger dans la même classe les stras, la glace de Venise & les crystaux de Bohême.

Entre les substances minérales qui servent à colorer ces émaux, on compte l'argent, la harderie ou ferret d'Espagne, le périgueux, la manganese ou magnésie, l'ochre calcinée, le gypse ou plâtre transparent, & les litharges d'or & d'argent, c'est-à-dire, les scories qui proviennent de la purification de ces métaux par le plomb.


Entrons