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VER VER 791


Autre. Faites, avec de la vieille monnoie d'argent, une limaille très-fine : mettez-la dans un creuset & faites la rougir. Alors jettez par dessus gros comme deux ou trois pois de souffre ; remuez avec une baguette de fer : le souffre ; consumera l'alliage, & l'argent se changera en une poudre grise. Mêlez deux ou trois fois autant d'ochre calcinée, & broyez le tout au moins pendant seize heures. Faites sécher &c. Ce jaune, dit Kunckel, prend bien sur le verre de Bohême & de Venise ; mais il faut auparavant frotter la table de verre avec un morceau de drap trempé dans de l'eau claire & de la poudre de verre.

Pour unir le verre raboteux sur lequel le jaune prendroit mal, on peut employer la composition suivante. Prenez deux parties d'écailles de fer, une partie d'écailles de cuivre, & trois d'émail. Broyez le tout sur le marbre, ou sur une plaque de cuivre ou de fer. Détrempez cette poudre, qui doit être très-fine, dans de l'eau claire, & frottez-en le verre avec un morceau d'étoffé.


Jaune clair. Mettez dans un creuset des lames de laiton fort minces : répandez sur ces lames du souffre & de l'antimoine broyés. Mettez un autre lit de lames, puis un autre de poudre, & ainsi de suite. Faites calciner le tout, jusqu'à ce que l'argent s'éteigne de lui-même. Jettez ce mêlange tout rouge dans de l'eau froide, il deviendra friable. Joignez à cette calcination six parties d'achre jaune, calcinée & éteinte dans le vinaigre : broyez le tout sur la pierre pendant seize heures : faites sécher, &c. On peut varier la teinte de cette couleur, en changeant la dose de l'ochre.


Violet. Ajoutez aux recettes pour le bleu, un peu de magnésie. La dose doit varier suivant la teinte que l'on desire.


Pourpre. Demi-once de minium, once d'émail pourpre, égale quantité de verre de fonte ou de rocaille ; broyez, séchez, pulvérisez, comme à la couleur de chair.

Voici la composition de l'émail pourpre dont on vient de parler. Sur quatre livres de fritte d'émail, prenez deux onces de magnésie : mettez ce mêlange dans un pot vernissé assez grand pour que le mêlange ne déborde pas en se gonflant. Faites fondre le tout à un fourneau de verrerie. Eteignez le mêlange fondu dans de l'eau bien claire. Répétez trois fois la même opération. A la quatriéme fois examinez si la couleur est telle que vous la desirez : si elle est trop pâle, ajoutez un peu de magnésie.


Maniere de coucher les couleurs sur les tables de verre. Il faut délayer les couleurs avec plus ou moins d'eau, dans laquelle on a fait dissoudre


du borax. On use la surface raboteuse du verre de la maniere que nous avons indiquée, & on y couche les couleurs. Pour les premieres couches, on doit employer une brosse de soie de porc, & ensuite une brosse de cheveux bien flexibles, dans la forme des larges pinceaux des doreurs. Les couleurs le couchent plus ou moins épaisses, suivant la teinte que l'on veut produire. Il faut remuer continuellement la couleur dans le vase qui la contient, car elle tombe au fond par son poids.


Recuisson des tables de verre enduites de couleur. Il est important que le verre qu'on se propose de colorer soit tout d'une même fabrique ; car il y a des verres plus durs, plus tendres, plus blancs, plus jaunâtres, &c. les couleurs sur des verres plus ou moins blancs, prendroient des teintes différentes. Sur des verres de dureté différente, il faudroit que les couleurs fussent mises dans des dégrés différens de fusibilité, ce qui apporteroit aussi un changement aux teintes. Cette attention est surtout de la plus grande importance pour le jaune, qui est la plus tendre de toutes les couleurs, & la plus aisée à se parfondre.

Nous supposons que les tables de verre sont enduites des couleurs qu'on veut leur faire prendre, & bien sèches. Il faut que la poële dans laquelle on doit les parfondre, soit proportionnée à la capacité du four dans lequel elle doit être placée. Si le four ou fourneau contient depuis le foyer jusqu'à la calotte, un pied dix pouces de hauteur dans œuvre, autant de largeur, & deux pieds & demi de longueur, (car ici la forme oblongue est toujours preférable au quarré parfait), la poële, qui doit toujours laisser un espace de trois pouces entre chacun de ses côtés & chacun des parois du fourneau, & six pouces entre elle & le foyer, & autant entre elle & la calotte, doit, dans toutes ses dimensions, être proportionnée en conséquence. Cette proportion est absolument nécessaire pour que la flamme puisse envelopper la poële de toutes parts. Cette poële est ordinairement de terre à creusets, non vernissée ; il seroit peut-être encore mieux, comme le veut Kunckel, qu'elle fût de tôle ou de lames de fer.

Avant d ; placer dans la poële les pieces de verre, on fait rougir dans un creuset de la chaux vive ; on la laisée refroidir, on la passe à travers un tamis bien serré, & l'on met au fond de la poële deux couches de morceaux de verre inutile. On répand par dessus une couche de cette chaux tamisée, de l'épaisseur d'un doigt, & on égalise cette couche avec une barbe de plume. On place par dessus une ou deux tables de verre coloré ; on les couvre d'une nouvelle couche de chaux, & ainsi successivement, en observant toujours que la derniere couche soit de chaux.