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On y ajoute, en petite quantité, de l’alun de roche. La liqueur perd son rouge-noir pour prendre un beau verd. On la garde dans des vessies, ce qui lui a fait donner le nom qu’elle porte. On suspend ces vessies dans un lieu chaud, où la couleur se duroit ; alors elle ne risque point de se gâter. Si on mêle à ce verd de la craie ou de l’eau de seche, c’est une laque verte. On peut conserver cette décoction en liqueur dans des bouteilles bien bouchées : elle s’y conserve bien, & fournit un beau verd pour le lavis.

Verd de zinc. Voici ce que prescrit, pour faire cette couleur, l’Auteur du Traité de la peinture au pastel : « Dissolvez séparément du zinc dans de l’esprit de nître, & du safre bien calciné dans de l’eau régale. Mêlez ensuite une partie de la dissolution de zinc avec deux parties de celle de safre. D’un autre côté, dissolvez de la potasse dans de l’eau chaude, versez trois parties de cette dernière dissolution dans le mêlange du zinc & du safre. Rassemblez le précipité sur un filtre avec de l’eau. Quand l’eau sera passée au travers du filtre, mettez-le dans un creuset, & poussez-le au feu, jusqu’à ce qu’il soit devenu verd. Il faut ensuite le laver à plusieurs reprises. »

Vermillon. (subst. masc.) C’est un mélange de cinnabre & de minium. Cette couleur est mauvaise à l’huile. Les peintres doivent même se défier du cinnabre qu’ils achètent en poudre, car il est souvent mêlée de minium. Au reste, c’est souvent le cinnabre qu’on appelle vermillon.

VERNIS. (subst. masc.) Il est bien difficile qu’un tableau qui vient d’être terminé ne soit pas embu en tout ou en partie. Il est nécessairement embu dans sa totalité, s’il a été peint sur une impression trop récente, ou s’il a été repeint en entier sur une ébauche qui n’étoit pas assez sèche : il l’est seulement en partie, si quelques endroits ont été repeints sur des couleurs couchées trop récemment. On détruit l’embu ; on rend aux teintes leur fraîcheur & leur vivacité, en couvrant la peinture d’un vernis.

Mais il a un inconvénient ; c’est qu’il peut détremper & délayer les couleurs qui ne sont pas encore parfaitement sèches, & le moindre danger dont l’artiste soit menacé, c’est de voir brouiller ses teintes. On se contente donc alors de prendre pour vernis un blanc d’œuf qu’on a soin de bien battre, & dont on frotte légérement tour le tableau avec une éponge ou un linge. Si l’on veut ensuite retoucher le tableau, ou le couvrir d’un vernis quand enfin il est bien sec, on enlève aisément le blanc d’œuf avec un linge mouillé.


Voici une manière de faire un vernis très-clair avec du blanc d’œuf. On le bat jusqu’à ce qu’il se soit élevé beaucoup d’écume ; on jette cette écume comme inutile, & l’on incorpore ce qui reste avec de l’eau-de-vie & du sucre candi. Mais il est toujours plus sûr de s’en tenir au simple blanc d’œuf, quand le tableau est très nouvellement peint.

Quand on ne doute plus qu’un ouvrage soit parvenu à l’état de parfaite siccité, il est temps de lui donner l’éclat d’un vernis. Cet éclat peut être appellé le fard des petits tableaux de cabinet, & comme toute espèce de fard, en prêtant à la nature un charme emprunté, il altère quelques-uns de ses véritables attraits. La base principale des vernis dont on fait usage pour cet objet, est de la térébenthine qui doit être fort claire, & de l’essence de térébenthine. On y joint une autre substance siccative, sans laquelle le vernis conserveroit toujours une qualité gluante & onctueuse : cette substance est ordinairement la gomme-laque blanche & bien claire. On lui préfere encore le mastic. Quoique la dose de ces ingrédiens ne soit pas bien déterminée, on peut prendre une once de térébenthine, deux onces d’essence & une demi-once de siccatif ; c’est-à-dire, de mastic ou de gomme-laque. On les mêle dans une fiole plus grande qu’il ne faut pour les contenir, & on met chauffer la fiole à un bain-marie qu’on laisse bouillir pendant un quart d’heure : mais l’eau doit être encore froide quand on y met la fiole ; car il faut que le mêlange s’échauffe peu-à-peu, & s’il étoit saisi par une chaleur subite, comme il est très-inflammable, il pourroit détonner, faire sauter le verre en éclat, & blesser les assistans. Pendant que le vernis cuit, on bouche légérement la bouteille, & l’on prend garde qu’elle ne se renverse. Une plus ou moins grande quantité de térébenthine rend le vernis plus ou moins épais. S’il n’a pas assez de corps, il faut vernir à plusieurs reprises, parce que l’essence de thérébentine s’évapore aisément, tandis que la thérébentine s’incorpore dans la couleur.

On fait aussi du vernis avec le sandaraque. C’est une gomme fort claire qu’on fait fondre à feu lent, dans l’esprit-de-vin ou l’essence de thérébentine. Ce vernis off trè-beau ; mais il ne convient point aux tableaux qui peuvent éprouver de l’humidité. Il les fait fariner, & il se montre, aux endroits qui ont été mouillés, des taches blanches qu’on ne peut détruire qu’en enlevant entièrement le vernis. D’ailleurs il est toujours à craindre que l’esprit-de-vin ne fasse écailler les peintures.

On couche le vernis avec une brosse douce de soies de porc ; quand le tableau n’est pas fort anciennement peint, il faut frotter bien légérement, de peur que l’essence de térébenthi-


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